Le PDG de GE, John Flannery, s'est rendu mardi à Bercy pour annoncer au ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, que l'engagement de créer 1.000 emplois nets d'ici la fin de l'année était "hors d'atteinte". Un nouveau rebondissement dans ce dossier qui alimente la polémique depuis quatre ans.
Le patron de GE a assuré être "confronté à un environnement difficile du fait de l'évolution défavorable de ses marchés historiques dans le secteur de l'énergie", selon un communiqué du ministère.
M. Flannery a succédé l'an passé à la tête de GE à Jeff Immelt, le PDG qui avait mené à bien l'acquisition de la branche énergie d'Alstom en 2014 pour 13,5 milliards de dollars. Il avait qualifié cette opération de "très décevante" en novembre.
M. Le Maire a "regretté" l'annonce de GE, qui selon Bercy n'avait créé que 323 emplois en France à la fin avril, et a demandé au groupe américain de prendre "désormais toutes les dispositions nécessaires" pour se "conformer au mieux" à ses engagements.
Le ministre a rappelé à M. Flannery que "les engagements qui ont été pris par GE (...) sont d'une grande importance pour le gouvernement, et qu'il se doit de veiller à leur concrétisation".
En décembre, M. Le Maire avait encore assuré que GE était "en ligne avec les engagements pris en 2014", après l'annonce par le groupe américain de la suppression de 12.000 emplois dans le monde dans sa branche Energie.
Le cabinet chargé du suivi des engagements de GE, Vigeo Eiris, avait alors estimé les emplois nets créés par le groupe à 358 à fin octobre 2017, soit 35 de plus que ceux évoqués mercredi par Bercy.
- Amende ou pas ?
M. Le Maire a demandé au PDG que des "perspectives claires soient données pour les années à venir à chacun des sites industriels de GE en France, qui permettent d'assurer la pérennité de l'activité et des emplois associés".
GE a assuré pour sa part qu'il continuerait "à travailler en étroite collaboration avec le ministère de l'Economie et des Finances" sur les engagements pris lors de l'acquisition.
Le groupe assure avoir tenu ses autres engagements: "la création de quatre sièges mondiaux en France, celle de trois co-entreprises avec Alstom, la non-fermeture de sites en France et la présence d'un Français au conseil d'administration du groupe", a indiqué à l'AFP une source proche de l'entreprise.
Les accords prévoyaient une pénalité de 50.000 euros par emploi net qui ne serait pas créé avant la fin 2018, soit une amende potentielle de près de 34 millions d'euros si la situation n'évolue pas d'ici fin 2018.
L'ex-ministre Arnaud Montebourg a appelé le gouvernement à appliquer ces amendes. Grâce au décret de mai 2014 sur les acquisitions stratégiques par des groupes étrangers, "nous avons pu fixer pour la première fois des amendes civiles en cas de non respect des emplois créés", a-t-il expliqué à l'AFP
"On peut dès lors appliquer ces amendes", a-t-il ajouté, encourageant le gouvernement à renforcer son dispositif en prévoyant l'annulation d'une acquisition si les engagements ne sont pas respectés.
"Nous tiendrons nos engagements contractuels", a assuré la source proche de GE, interrogée sur cette amende. "Nous discuterons de ça avec eux à la fin de l'année", a ajouté l'entourage de M. Le Maire.
Les conditions de l'acquisition de la branche énergie d'Alstom par GE avaient provoqué un bras de fer entre le PDG français de l'époque, Patrick Kron, et M. Montebourg, qui défendait plutôt un rapprochement avec l'allemand Siemens.
De leur côté, les principaux élus LR du Territoire de Belfort, base historique d'Alstom, ont demandé, dans un communiqué commun, au gouvernement de faire "respecter la parole donnée" par GE et qu'il prenne "toutes les mesures nécessaires pour préserver l'emploi à Belfort".
Après ce rachat d'un fleuron industriel français, une commission d'enquête de l'Assemblée nationale a préconisé une extension du champ d'application du contrôle des investissements étrangers.
La branche transports d'Alstom, qui n'a pas été rachetée par GE, va, elle, être reprise par Siemens.
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