Assis à un bureau sous un écriteau marqué de l'inscription "I am a notary public" (Je suis un notaire public), cet artiste américain propose aux visiteurs de s'asseoir, leur demande de lui raconter un mensonge, le note sur une feuille de papier quadrillée, puis appose un poinçon pour attester de son authenticité.
Avant de l'accrocher au mur, le nombre de caractères est compté, la règle édictée par l'artiste étant que "les mensonges ne peuvent pas être plus longs que des tweets".
Pour valider la transaction, l'artiste demande aux visiteurs un paiement en or afin de régler l'acte.
"Bien sûr, personne n'a d'or sur soi. Alors à la place, je leur demande une pièce de petite monnaie", a expliqué Paul Ramirez Jonas à l'AFP lors d'un entretien à Art Basel, la grande foire de l'art qui se tient cette semaine dans la cité suisse de Bâle.
L'artiste plonge alors la petite pièce dans une solution chimique qui la couvre en plaqué-or, puis la colle sur la feuille pour garantir que l'acte de certification du mensonge, consigné dans un registre, a bien été payé.
Accrochés ensuite aux murs dans la halle d'exposition, les messages (en anglais) finissent par former un vaste tissu de mensonges sur lesquels les visiteurs peuvent lire aussi bien "Italy will win the World cup" (l'Italie va gagner la Coupe du Monde) que "Your privacy is safe" (votre vie privée est en sécurité), "Art is static" (L'Art est statique), "I am a brain surgeon" (Je suis neurochirurgien), "I never lie" (Je ne mens jamais)...
A travers ce pêle-mêle de mensonges, Paul Ramirez Jonas entend ouvrir un débat sur le poids de la vérité et de la parole dans l'espace public, auquel les visiteurs peuvent participer soit en se prêtant au jeu, soit tout simplement en venant lire ces messages sur ce qui finit par devenir un mur de mensonges authentifiés.
"Mais c'est un mensonge!"
Dans la halle d'exposition, la performance donne parfois lieu à des échanges loufoques entre les passants.
"Hier, une personne s'est vraiment offusquée en voyant ça", a expliqué l'artiste en désignant un mensonge affirmant "I like my president" (J'aime mon président).
"Quelqu'un lui a alors dit +Non, mais c'est un mensonge+, et la personne a (alors réagi) en disant +Ah! dans ce cas, c'est bon+", a raconté l'artiste, amusé par l'échange entre les deux visiteurs.
Né en 1965 à Pomona en Californie, cet artiste-sculpteur, qui a grandi au Honduras avant de retourner s'installer aujourd'hui à New York, s'est fait connaître notamment à travers ses performances jouées aussi bien dans les grands musées américains d'art moderne, les galeries et foires artistiques que dans les rues de New York.
Son projet sur le mensonge avait initialement été lancé en 2015 sur des bases légèrement différentes, autour du concept des semi-vérités, avant de le ranger temporairement au placard pour se concentrer davantage sur la notion des promesses, qui sont "une vérité quand elles sont tenues", et "un mensonge" dans le cas contraire.
"Et puis Trump a été élu, et tout dans cette élection a rendu (la question du) mensonge extrêmement pertinente à nouveau", a retracé l'artiste, qui a décidé de relancer cette performance en faisant évoluer les contours, la rebaptisant depuis "Alternative facts" (Faits alternatifs).
La performance sera jouée à Art Basel, à la demande des organisateurs de la foire, jusqu'au 17 juin.
A LIRE AUSSI.
Avec "Arte continua", les grands noms de l'art contemporain s'exportent à Cuba
"Holy" au musée Guimet: hommage à ces filles qui ne naîtront jamais
Le marché de l'art retrouve son souffle à Art Basel
Deux ans de prison requis contre le couple aux 271 oeuvres de Picasso
Le "Parthénon des livres", une oeuvre monumentale contre la censure
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.