Le chef du grand parti conservateur de la Nouvelle-Démocratie, Kyriakos Mitsotakis, a annoncé devant le Parlement qu'il déposerait cette motion dans l'après-midi pour bloquer un accord qu'il a dénoncé comme "mauvais" et constituant un "recul national".
Le Premier ministre Alexis Tsipras l'avait mis au défi mardi soir d'un tel geste, dans un entretien télévisé, affirmant ne pas être menacé.
"Je ne crois pas que ce gouvernement a perdu son soutien au Parlement", a-il déclaré dans un entretien télévisé nocturne.
Le rival conservateur de M. Tsipras, entend tester la cohésion gouvernementale mise à mal sur le compromis annoncé mardi par M. Tsipras et son homologue macédonien Zoran Zaev, par la position de l'allié souverainiste de M. Tsipras, Panos Kammenos.
Ce dernier, ministre de la Défense, avait réitéré mardi son opposition à tout partage avec l'État voisin du nom de Macédoine, que les Grecs considèrent appartenir à leur patrimoine.
Non à "l'aventurisme"
Le compromis scellé, et qui doit encore être endossé officiellement, prévoit que l'actuelle ex-République yougoslave de Macédoine soit renommée République de Macédoine du Nord.
Le porte-parole du parti Anel de M. Kammenos, dont les voix complètent la majorité parlementaire de M. Tsipras, de 154 députés sur 300, a exclu sauf surprise toute dissidence dans la matinée.
"L'aventurisme de M. Mitsotakis ne déstabilisera pas le pays", a déclaré ce responsable, Théodore Tosounidis.
M. Mitsotakis s'est d'ailleurs lui-même abstenu d'aller jusqu'au bout de sa contestation: il a précisé que la motion, qui doit recueillir 151 voix pour faire tomber le gouvernement, sera déposée dans l'après-midi, une fois bouclé un vote sur le dernier paquet de mesures réclamé au pays par ses créanciers, UE et FMI.
Un dépôt plus tôt aurait gelé ce vote, alors que la Grèce est sur le point de conclure avec ses créanciers un accord pour accompagner en août sa sortie des plans de soutiens assurant sa survie financière depuis 2010.
"Recul national"
Selon les analystes, M. Mitsotakis, dont le parti distance largement la gauche de M. Tsipras dans les sondages, entend capitaliser sur les résistances des franges nationalistes de l'opinion publique à accepter le compromis.
Datant de l'indépendance en 1991 du petit État voisin, la querelle continue d'exacerber les passions, des deux côtés de la frontière.
Pendant des années, les Grecs ont considéré que l'usage du nom de Macédoine par les voisins impliquait des visées territoriales sur leur province du nord homonyme, et une usurpation de leur histoire antique, les Macédoniens campant pour leur part sur leur droit à garder une appellation datant de la formation en 1944 de leur République.
M. Tsipras a défendu mardi soir le caractère "patriotique" du compromis scellé, affirmant qu'il stipulait que les voisins renonçaient à toute visée territoriale et appropriation du legs de la Macédoine antique, incarnée par Alexandre le Grand.
Mais pour la ND, il inclut un "recul national non acceptable", résidant dans "l'acceptation d'une langue et nationalité macédoniennes", forgées chez les voisins depuis un demi-siècle.
"Nous ne diviserons pas les Grecs pour unir les Skopianoi", a répété M. Mitsotakis devant le Parlement.
L'accord, par ailleurs soutenu par une partie de l'opposition grecque de centre-gauche, ne doit être ratifié au Parlement grec que dans plusieurs mois, une fois que Skopje l'aura lui même ratifié, tenu un référendum pour l'approuver et changé sa Constitution pour acter ce compromis.
Dans l'État voisin aussi, la droite nationaliste est montée au créneau, laissant peser une hypothèque sur le règlement final de la querelle.
Face à cette levée de boucliers, le président du Conseil européen Donald Tusk et le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, avaient réitéré mardi soir leur soutien à l'accord, qui doit lever le verrou grec à un ancrage macédonien dans l'UE et l'Otan.
Ils avaient souhaité dans un communiqué commun mercredi que "cette unique occasion de relancer l'intégration euroatlantique" dans les Balkans "ne soit pas perdue".
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