"La petite martyre de l'A10", comme elle avait été surnommée par les enquêteurs et les médias, était prénommée Inass. L'enquête avait donné lieu dès les premières semaines à un immense appel à témoin reprenant la photo de la jeune victime.
Les enquêteurs sont remontés jusqu'aux parents, jusqu'ici inconnus, de la fillette grâce à un prélèvement ADN sur un homme arrêté en 2016 dans le cadre d'une affaire de violence, a-t-on appris jeudi auprès du parquet de Blois, confirmant une information d'Europe 1.
Après comparaison avec le fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG), une correspondance a été révélée entre cette empreinte génétique et les traces ADN relevées sur les vêtements et la couverture dans laquelle était enveloppé le corps de l'enfant lors de sa découverte le 11 août 1987 dans un fossé de l'autoroute à Suèvres (Loir-et-Cher) par deux employés de l'autoroute.
L'ADN s'est révélé être celui du frère de la petite victime et les enquêteurs ont pu ainsi identifier et retrouver la trace des parents, un couple de sexagénaires, originaires du Maroc qui ont eu sept enfants, nés entre 1978-1991. Les enquêteurs ont notamment recoupé les données de la caisse d'allocations familiales pour déterminer qu'un enfant du couple n'était plus recensé. La mère faisait croire que l'enfant était au Maroc confiée à la grand-mère, selon une source proche du dossier.
Des perquisitions à Villers-Cotterêts dans l'Aisne et en Seine-Saint-Denis ont été réalisées au moment de l'interpellation.
65.000 écoles visitées
Les parents ont été placés mardi en garde à vue à Orléans pour meurtre, recel de cadavre, violences habituelles sur mineur de moins de 15 ans. Ils devaient être présentés jeudi matin à un juge d'instruction à Blois en vue de leur mise en examen.
Le cadavre, mutilé, portait des traces de brûlures dues à un fer à repasser et des cicatrices dues à des morsures humaines, sans doute d'une femme, selon les médecins légistes. Pour le juge d'instruction de Blois, alors chargé du dossier, il s'agissait "pratiquement d'un cas d'anthropophagie avec prélèvement de chair".
Selon une proche du dossier, le père reconnaît des maltraitances de la mère sur l'enfant ayant entraîné la mort. Ils auraient dissimulé à deux le corps de la fillette. A l'époque des faits, le couple séparé depuis 2010, avait déjà deux enfants nés en 1978 et 1981.
Le procureur de la République de Blois Frédéric Chevallier donnera une conférence de presse mercredi après-midi.
A l'époque de la découverte de la "petite martyre de l'A10", la gendarmerie avait lancé la plus grande diffusion judiciaire jamais entreprise en France. Près de 65.000 écoles avaient été visitées à la rentrée scolaire, et 6.000 médecins ou assistantes maternelles avaient été rencontrés pour essayer de donner un nom à la jeune victime.
Le signalement de la fillette avait été diffusé dans plus de 30 pays et sa photographie placardée dans tous les endroits publics: elle mesurait 0,95 mètre, avait les cheveux bruns bouclés et les yeux marron foncé.
Une ordonnance de non-lieu avait été rendue en octobre 1997, après des recherches infructueuses, laissant cette affaire non résolue.
Le procureur de l'époque Etienne Daures disait pourtant avoir "bon espoir de pouvoir donner un nom" à la fillette, enterrée anonymement au cimetière de Suèvres (Loir-et-Cher) proche des lieux de la découverte du corps.
La tombe de la fillette était régulièrement fleurie par les habitants de la commune où elle repose. Sur le monument funéraire est gravée une simple inscription: "Ici repose un ange".
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