A l'annonce de cet arrêt de travail de 24 heures, qui doit débuter à minuit mercredi (06H00 GMT jeudi), les Nicaraguayens se sont précipités dans les supermarchés pour renflouer leurs stocks de nourriture.
"Ce sera une grève civique et pacifique qui touchera tout le pays et toutes les activités économiques", a annoncé mardi l'Alliance citoyenne pour la justice et la démocratie, qui regroupe des étudiants, des chefs d'entreprise et des représentants de la société civile.
Cette coalition est à la pointe des manifestations lancées mi-avril contre le gouvernement sandiniste et qui n'ont cessé de prendre de l'ampleur, malgré une féroce répression qui a fait 152 morts et 1.340 blessés, selon le dernier bilan du Centre nicaraguayen des droits de l'homme (Cenidh).
"Protestation pacifique"
Outre son appel à la grève, le groupe réclame une réponse "immédiate" du président Ortega aux évêques catholiques qui tentent, depuis plusieurs semaines, de jouer les médiateurs.
Ils ont présenté jeudi au président, dont les manifestants demandent le départ, une proposition de démocratisation du pays, prévoyant d'anticiper l'élection présidentielle prévue en 2021 et d'instituer des réformes constitutionnelles. Le chef de l'Etat, qui a demandé un temps de réflexion, est muet depuis lors.
La perspective d'une grève générale a été saluée par l'archevêché de Managua qui l'a qualifiée "d'expression d'unité nationale et de protestation pacifique en réponse à la grave crise politique".
Traversé par une profonde crise économique et sociale, le pays a connu un regain de violences depuis lundi après que les forces de sécurité ont tenté de démanteler de force les barricades dressées sur plusieurs routes du pays.
Armés de frondes et de mortiers artisanaux face aux fusils des policiers anti-émeutes, les manifestants ont bloqué en plusieurs points les axes routiers, paralysant des milliers de camions et désorganisant l'approvisionnement du pays.
Ces blocages ont porté un coup à la fragile économie du pays, avec un coût qui pourrait atteindre plus de 900 millions de dollars si le conflit se prolongeait, selon la Fondation nicaraguayenne pour le développement social et économique (FUNIDES).
"Guerre civile larvée"
Cette vague de contestation sans précédent contre le héros de la révolution sandiniste a été déclenchée par une réforme des retraites abandonnée depuis, mais qui a vite tourné à un mouvement général de rejet l'encontre de Daniel Ortega.
A la tête du pays depuis 2007, après un premier passage de 1979 à 1990, il est accusé de brider les libertés et de confisquer le pouvoir. De son côté, il dénonce une "conspiration de l'opposition" visant à le renverser.
Face à la sanglante répression des policiers anti-émeute, certains manifestants commencent à songer à prendre les armes, alors que le mouvement se voulait jusqu'ici pacifique.
"Pour moi, ce qui se passe est une guerre civile larvée", déclare un responsable étudiant surnommé "El Gato" (Le Chat), retranché depuis plus d'un mois avec des centaines d'autres dans l'enceinte de l'Université de Managua.
"La plupart d'entre nous ne veulent pas l'envisager, mais personnellement je pense que le moment va arriver où nous allons devoir nous armer pour être à égalité avec eux" (les forces de sécurité), ajoute-t-il.
La guérilla sandiniste d'Ortega avait renversé la dictature de Somoza en 1979, la remplaçant par une junte communiste.
Mais même les militants qui avaient alors combattu à ses côtés ont désormais lâché Ortega.
"Je crois que ce combat est juste -- nous sommes retranchés ici pour faire pression sur le gouvernement et signifier notre refus de ce qu'il fait aux Nicaraguayens", insiste El Gato.
A la question de savoir combien de temps il est prêt à rester, l'étudiant durcit le regard: "Aussi longtemps qu'il le faudra."
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