Le Royaume-Uni a demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité, qui doit se tenir jeudi à huis clos, après une mise en garde de l'ONU contre cette offensive qui pourrait interrompre l'approvisionnement de millions de personnes dans ce pays pauvre dont une partie est au bord de la famine.
Situé dans l'ouest du Yémen, en guerre depuis plus de trois ans, le grand port de Hodeida, sur la mer Rouge, constitue un enjeu stratégique, étant le point d'entrée d'une bonne partie des importations et de l'aide humanitaire en territoire yéménite.
Selon de responsables militaires loyalistes, l'assaut a été lancé après le "feu vert" de la coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite, intervenue au Yémen en mars 2015 pour aider le pouvoir à stopper la progression des rebelles Houthis qui ont occupé de vastes pans du territoire dont la capitale Sanaa.
Les troupes ont atteint les abords de l'aéroport situé à quelques kilomètres au sud de Hodeida, d'après ces responsables présents à Al-Jah, à 30 km au sud-est de la ville. Une série de raids aériens ont été menés contre des positions rebelles en préparation de l'assaut.
Dans la cité même où vivent quelque 600.000 habitants, des résidents inquiets ont rapporté que les Houthis avaient renforcé leurs défenses, creusant des tranchées et déployant des snipers sur les toits.
Contacté par téléphone par l'AFP, l'un des habitants se présentant sous le nom de Bassam Hassan a dit "craindre une longue confrontation" qui affecterait les civils.
Selon des sources médicales, 22 rebelles et trois soldats ont péri ces dernières 24 heures, alors que des combats ont lieu depuis plusieurs jours autour de Hodeida en direction de laquelle des renforts progouvernementaux ont été en outre acheminés.
L'armée des Emirats arabes unis, l'un des piliers de la coalition militaire, a fait état de la mort de quatre de ses soldats au Yémen sans préciser la date, le lieu ou les circonstances de leur décès.
"Libération vitale"
Dans l'assaut contre Hodeida, les forces émiraties apportent un soutien essentiel au sol aux troupes progouvernementales qui rassemblent des forces hétéroclites.
Les Emirats avaient donné jusqu'à mardi à l'ONU pour contraindre les Houthis à abandonner la cité sans combattre.
Les Houthis ne peuvent plus "tenir Hodeida en otage pour financer leur guerre" et "détourner" l'aide internationale, avait affirmé Anwar Gargash, le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères.
La coalition accuse les Houthis pro-iraniens de faire entrer des armes par le port de Hodeida.
"La libération de Hodeida est vitale à la lumière de la menace croissante que les Houthis, soutenus par l'Iran, font peser sur la sécurité maritime en mer Rouge, par où passent environ 15% du commerce international", a argué l'ambassadeur saoudien à Washington, Khaled ben Salmane, un fils du roi.
Selon des experts, les forces anti-rebelles, qui n'ont remporté aucune victoire militaire majeure dans la guerre depuis la reprise de cinq provinces du sud et de la ville d'Aden en 2015, sont déterminées à briser le statu quo à Hodeida.
"La libération de la ville et du port créera une nouvelle réalité et amènera les Houthis aux négociations", a dit Anwar Gargash, alors que plusieurs sessions de négociations entre les protagonistes n'ont jamais réellement avancé.
Craintes pour les enfants
La guerre au Yémen a fait près de 10.000 morts et provoqué "la pire crise humanitaire du monde", selon l'ONU.
"J'appelle toutes les parties à respecter le droit humanitaire international et à faire de la protection des civils une priorité", a déclaré dans un communiqué le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, après le début de l'assaut contre Hodeida.
L'émissaire de l'ONU pour le Yémen, Martin Griffiths, a lui appelé à "la retenue en soulignant être en contact avec "toutes les parties concernées pour négocier des arrangements".
Lundi, l'ONU a retiré son personnel international de Hodeida.
Et mercredi, une quinzaine d'ONG internationales ont estimé que l'assaut "aurait probablement des conséquences catastrophiques sur la population civile", dans une lettre au président français Emmanuel Macron. Elles ont dans ce contexte jugé "inconcevable" de maintenir la conférence humanitaire sur le Yémen prévue fin juin à Paris.
Mais Paris a réaffirmé son souhait d'organiser cette conférence.
Save the Children a exprimé son inquiétude, tout comme l'Unicef, pour le sort de quelque 300.000 enfants qui se trouveraient dans la ville.
Action contre la faim a averti que la vie de centaines d'enfants était en danger, notamment 760 souffrant de malnutrition et que l'ONG française soigne.
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