"Nous nous trouvons actuellement au sud de la Sicile, et notre arrivée est prévue samedi à 21 heures à Valence, mais au vu des conditions météorologiques il se peut que ça change car nous avons déjà des vagues de un à deux mètres, et on attend quatre mètres d'ici quelques heures", a affirmé M. Vimard, joint par téléphone.
Comptant à son bord encore une centaine de migrants après le transbordement des autres sur deux navires italiens, d'ores et déjà "on sécurise les conditions sur le bateau, on tend des cordes sur le pont pour que les gens ne glissent pas...", ajoute le coordinateur de Médecins sans frontières, lors d'une conversation hachée par les mauvaises conditions de transmission.
Après le refus italien d'accueillir le bateau, puis le feu vert espagnol, "cela fait quatre jours que les gens sont en mer, ce qui est extrêmement long pour des personnes vulnérables, qui ont été exposées à des niveaux de violence extrêmes", affirme le responsable, pour qui le bras de fer politique a crée des "conditions inacceptables".
"On était limités en termes de vivres, on était bien au delà de notre capacité" d'un peu plus de 500 places, ajoute M. Vimard.
Aujourd'hui sur le bateau "l'ambiance est bonne", car "les gens ont compris qu'ils allaient débarquer en Espagne. Ils avaient bien repéré que le bateau s'était arrêté, on leur a dit en faisant s'asseoir tout le monde avec des explications en plusieurs langues..."
Mais "ils étaient extrêmement inquiets. La crainte générale était d'être renvoyés en Libye, une personne nous a dit +je n'ai plus confiance, je préfère sauter à l'eau+. Car certains ont tenté cinq à six fois la traversée, en se faisant intercepter par gardes-côtes libyens. Ils ne veulent pas revivre cela".
A présent que le bateau est reparti "cela va mieux, ils s'interrogent sur l'avenir, mais ils sont soulagés qu'au moins cette situation prenne fin".
Mercredi matin les migrants ont pu prendre une douche, a ajouté M. Vimard, expliquant qu'"on peut organiser ce genre de choses avec 106 personnes mais pas avec 630" à bord.
Surveillance médicale
En effet 500 personnes ont été transférées mardi après-midi sur deux navires italiens (un de l'armée et un des gardes côtes), qui vont faire route avec l'Aquarius jusqu'en Espagne.
"Il était inimaginable de partir seuls avec 629 personnes à bord jusque Valence", explique le coordinateur. Mercredi "il n'y a plus que 106 personnes à bord", 51 femmes, 10 enfants et 45 hommes, "ayant besoin de surveillance médicale" notamment, et qui sont pris en charge par une équipe médicale de cinq personnes, ajouté M. Vimard.
Face au durcissement du gouvernement italien, le responsable assure que "bien sûr" MSF allait "continuer les opérations de sauvetage". "Les besoins sont énormes et le nombre d'ONG est très limité, et hier encore 14 personnes au moins sont décédées dans un naufrage au large de la Libye", ajoute-t-il.
"En tant qu'organisation humanitaire c'est notre devoir de porter assistance à ces personnes en détresse, et aussi de témoigner", dit-il.
Les humanitaires travaillent pourtant dans des conditions de plus en plus compliquées. "Le cas de l'Aquarius est assez médiatisé mais cela fait des semaines, voire des mois, que nos opérations sont limitées", assure M. Vimard, d'une part à cause de la "priorité" donnés aux garde-côtes libyens pour intercepter les bateaux en détresse, "même quand on est les premiers à les identifier".
Outre la "criminalisation des ONG", accusée d'aider l'immigration clandestine, les autorités italiennes ont commencé plus récemment "à nous renvoyer vers l'Italie alors même que notre bateau n'était pas plein", occasionnant parfois "plus de 30 heures de navigation, avec 60 personnes à bord". "Cela nous éloigne de la zone et du coup on n'est pas en mesure de porter assistance", dit-il.
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