Après avoir fustigé mardi soir le "pognon de dingue" que coûtent les aides sociales sans endiguer la pauvreté, le président de la République a estimé qu'il ne fallait pas se "contenter de la redistribution monétaire" et a mis en avant des solutions "plus efficaces que de l'argent mis sur la table".
"Nous vivons dans un pays où la promesse républicaine est souvent déçue car nous avons maintenu les droits formels qui souvent n'existent que sur le papier, c'est ça l'indignation française contemporaine. Pourtant nous consacrons toujours davantage de notre richesse à la protection sociale", a-t-il critiqué dans un discours de plus d'une heure, parfois interrompu de quelques sifflets.
Pour dénoncer un système "trop complexe" et "peu humain", il a pris l'exemple du RSA, soutenant de manière assez brutale que s'il avait augmenté ces dix dernières années de 80%, l'accompagnement de ses bénéficiaires avait baissé dans le même temps de 40% "en termes de dépense". Or, a-t-il argumenté, il faut au contraire renforcer l'"accompagnement vers le travail". Donc "contrôler" et "responsabiliser" ceux qui ont eu le réflexe de "s'installer dans une forme d'exclusion". Accompagnés, "ils aideront la collectivité a dépenser son argent vers les plus vulnérables".
Dans ce "discours stratégique" dont l'objectif affiché était de "redonner de la cohérence" à son approche sociale, le chef de l'État n'a pas donné d'indications précises de sa politique à venir. A l'exception d'une loi, votée avant fin 2019, sur la dépendance dans un pays qui comptera 5 millions de personnes âgées de plus de 85 ans d'ici à 2050.
Il a immédiatement précisé qu'elle ne se traduirait pas "simplement" par "un engagement financier", même si celui-ci "sera au rendez-vous car il nous faut investir sur ce sujet". Mais qu'on verrait également la construction d'"un nouveau risque: répondre à une nouvelle vulnérabilité sociale". La sécurité sociale comporte aujourd'hui quatre branches: maladie, accidents du travail, retraite, famille.
"Un pognon dingue"
"Il ne faut pas considérer qu'il y aurait d'un côté ceux qui croient dans la transformation sociale et qui aligneraient les lignes de crédit et ceux qui n'y croient pas et qui seraient forcément pour réduire les dépenses. Mauvaise nouvelle : les dépenses sociales, vous les payez, nous les payons", a lancé M. Macron, en écho à la récente cacophonie gouvernementale autour d'une possible réduction des aides sociales.
Il s'est également félicité de l'aboutissement d'une promesse de campagne: le remboursement intégral d'ici 2021 de certaines lunettes, prothèses dentaires et audioprothèses, évoquant "une conquête sociale essentielle".
Une centaine de manifestants, majoritairement des cheminots, se sont rassemblés à l'appel de la CGT sur la place de la Comédie, à Montpellier, aussi près que possible du centre de Congrès du Corum où s'exprimait M. Macron.
Dans la nuit de mardi à mercredi, une vidéo tweetée par sa directrice de communication, le montre évoquant le discours de mercredi avec ses collaborateurs. "On met un pognon de dingue dans les minimas sociaux et les gens ne s'en sortent pas. Les gens pauvres restent pauvres, ceux qui tombent pauvres restent pauvres. On doit avoir un truc qui permet aux gens de s'en sortir. Par l'éducation...", s'enflamme-t-il.
Il y a quelques semaines, le ministre des Finances, Bruno Le Maire, avait estimé "légitime de réduire la politique sociale sur l'emploi", rejoint rapidement par son collègue aux comptes publics, Gérald Darmanin, pour qui il y avait "trop" d'aides sociales, créant des "trappes à inactivité".
"Pas question de faire des économies sur le dos des pauvres", avait répliqué la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, présente à Montpellier mercredi.
Rien n'est encore tranché: beaucoup d'arbitrages doivent encore être rendus, en vue notamment du plan pauvreté qui doit être présenté en juillet.
L'exécutif sait qu'il dispose de "marges de manœuvre" budgétaires pour les années à venir, grâce au retour à l'équilibre plus rapide que prévu des comptes de la Sécurité sociale.
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