"Le compte n'y est pas", a déclaré à des journalistes Christiane Lambert, dirigeante du premier syndicat agricole français, à l'issue de plus de trois heures de négociations au ministère dans la nuit de mardi à mercredi.
Les instances de la FNSEA devaient se réunir à 07h30 mercredi matin pour décider de la suite à donner au mouvement. Une conférence de presse était prévue à 09h30.
"Il y a quelques avancées qui ne suffisent pas à dire maintenant que nous levons le camp", a ajouté Mme Lambert qui, au côté du président des Jeunes Agriculteurs (JA) Jérémy Decerle, a négocié avec M. Travert et son équipe de 23h30 mardi à peu après 03h00 du matin mercredi.
"Nous allons partager les documents de restitution de la négociation et déciderons (...) de ce que nous allons faire", a souligné Mme Lambert, mais "nous sommes déçus sur le contenu global de ce qui a été annoncé".
FNSEA et JA ont lancé dès dimanche soir un mouvement de blocage pour protester notamment contre l'importation de produits agricoles, et plus particulièrement l'huile de palme, ne respectant pas, selon eux, les normes françaises et européennes.
Mardi après-midi, 18 raffineries et dépôts de carburant étaient bloqués.
Reconnaissant des points de friction persistants avec les syndicats, M. Travert a néanmoins envisagé une fin de ces blocages.
"Je suis plutôt optimiste (...) je pense que nous pouvons trouver une voie de levée des barrages", a-t-il déclaré aux journalistes à la suite de Mme Lambert.
"Sur un certain nombre de points, nous ne sommes pas parvenus à nous mettre d'accord, mais sur la question des engagements internationaux, sur la question des normes, sur la question du travail que nous faisons pour défendre nos filières, nous sommes au rendez-vous", a assuré M. Travert.
Syndicats et ministre avaient déjà négocié mardi après-midi, sans succès.
"Nous demandons une parole publique plus claire pour défendre l'agriculture. Quand 3.000 agriculteurs descendent dans la rue bloquer 18 sites c'est que quelque chose ne va pas", avait alors indiqué Mme Lambert.
Détermination sur le terrain
Sur le terrain, les agriculteurs sont restés mobilisés mardi.
"On attend de savoir ce qu'il va ressortir de la réunion entre le ministre et notre présidente nationale. Ce qui est sûr c'est que l'on va rester encore au moins cette nuit et la journée de demain (mercredi)", a indiqué le président de la FNSEA de l'Eure, Fabrice Moulard, qui bloquait la raffinerie de Gonfreville-l'Orcher (Seine-Maritime) avec une quarantaine d'agriculteurs et quelques tracteurs.
La FNSEA demande au gouvernement de légiférer pour interdire les importations qui ne répondent pas aux normes françaises, "des engagements sur le coût du travail" et les cotisations sociales, "des études sociales et économiques" avant la mise en place de toute nouvelle norme, et des réponses concrètes sur l'accompagnement financier des plans de filière.
FNSEA et JA dénoncent aussi "les contradictions" du gouvernement qui incite les agriculteurs français à monter en gamme tout en concluant des accords de commerce international qui provoquent des distorsions de concurrence.
Le symbole de ces "incohérences", selon ces organisations, a été l'autorisation donnée au groupe pétrolier Total d'importer jusqu'à 300.000 tonnes par an d'huile de palme pour alimenter sa bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône) qui doit commencer à fonctionner cet été.
Les deux syndicats assurent que l'agriculture française peut fournir davantage d'huile de tournesol ou de colza à cette usine que les 50.000 tonnes promises, mais à un prix supérieur à celui de l'oléagineux importé d'Asie du Sud-Est.
Interrogé à l'Assemblée nationale par le député LR Christian Jacob, le Premier ministre Edouard Philippe a défendu la décision de l'Etat d'autoriser Total à importer de l'huile de palme pour La Mède.
"Nous ne dévierons pas d'une voie qui est claire: nous défendons les intérêts des filières agricoles. Nous faisons en sorte que l'ouverture des marchés soit respectueuse des intérêts de l'ensemble des filières agricoles", a-t-il ajouté.
Lundi, Total s'était voulu rassurant quant à l'approvisionnement des stations-service, appelant ses clients à "conserver leurs habitudes de consommation de carburant".
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