L'association accuse notamment le leader de la France Insoumise et la présidente de l'ex-FN d'avoir "tenté de détourner de l'argent public au moyen de remboursements par l'Etat de frais de campagne qui n'avaient d'autre but que de servir leur intérêt ou l'intérêt de leurs proches", selon la plainte consultée par l'AFP qui doit être déposée dans la journée.
Anticor reproche par ailleurs au président "Emmanuel Macron et de manière moins importante à Benoît Hamon d'avoir profité de ristournes, remises, rabais, venant minorer leurs dépenses de campagne", en violation du principe d'égalité entre les candidats que sanctionne le code électoral. Des rabais qui pourraient être constitutifs d'"abus de biens sociaux" pour les prestataires qui les ont accordés, estime Anticor.
Enfin, l'association demande de vérifier la "responsabilité" des membres de la Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP). En cause: l'acceptation de frais qui n'auraient pas dû l'être, comme l'a affirmé un rapporteur démissionnaire, et la validation de remises qui constituent, pour Anticor, un financement par des entreprises, ce qui est illégal en France.
Cette plainte fait suite aux enquêtes de médias, dont Mediapart, Le Monde et Radio France, accusant la campagne de l'actuel président d'avoir bénéficié de "prix cassés" et de "ristournes cachées".
"L'objectif est de réaliser une analyse systémique des pratiques des partis qui utilisent le financement politique parfois pour des motivations étrangères à la campagne mais aussi de pointer du doigt le mauvais fonctionnement de la CNCCFP. L'ensemble de ces dysfonctionnements affecte la démocratie", a déclaré à l'AFP Jérôme Karsenti, l'avocat d'Anticor.
"La justice doit dire clairement si les surfacturations ou les sous-facturations sont légales. Les responsabilités de tous les protagonistes de ces campagnes doivent être établies", a commenté le président de l'association Jean-Christophe Picard.
Concernant la campagne victorieuse de Macron, Anticor pointe notamment les locations de six lieux de meetings accordées avec des rabais de 36 à 75% environ, ainsi que de larges remises pour la location de matériel et une "sous-facturation" du siège de campagne dans le XVe arrondissement de Paris.
Dans un communiqué dimanche où elle accusait la presse de "monter en épingle des pseudo-révélations", La République en Marche avait justifié ces prix. Selon elle, le théâtre Bobino de Paris avait déjà facturé à des associations une location à 3.000 euros au lieu des 13.000 euros.
"Les remises éventuellement accordées à des associations ne peuvent être comparées", répond Anticor, y voyant des dons déguisés de personnes morales.
S'agissant de Benoît Hamon, Anticor dénonce 310.000 euros de remises suspicieuses pointées par une enquête du magazine L'Obs.
"Surfacturations"
Vendredi, une autre association, le Front républicain d'intervention contre la corruption (Fricc), a annoncé son intention de porter plainte pour "financement illégal de campagne électorale", en visant Emmanuel Macron.
S'agissant des comptes de Jean-Luc Mélenchon, dont 434.939 euros de dépenses sur 10,7 millions déclarées ont été rejetés par la commission, Anticor dénonce des "surfacturations" au bénéfice notamment de la société Mediascop présidée par Sophia Chikirou, sa directrice de communication d'alors.
Son bras droit, Alexis Corbière, est accusé d'"abus de confiance" pour avoir facturé des interventions médiatiques "relevant de l'engagement militant". Pour Anticor, la campagne de la France insoumise a d'ailleurs abusé du statut d'autoentrepreneur, synonyme d'un potentiel délit de "marchandage".
Marine Le Pen a vu pour sa part 873.576 euros de dépenses retoquées par la commission, constituées à 95% des emprunts contractés auprès du FN et du micro-parti de son père Jean-Marie. Pour Anticor, ces prêts cachaient une tentative de détournement de fonds publics et d'abus de confiance.
La plainte relève aussi que "parmi les 29 plus gros prestataires ce sont principalement des sociétés appartenant à des cadres du Front National ou à leur famille".
Vendredi, Jean-Luc Mélenchon, dont la campagne est visée par une enquête du parquet après un signalement de la CNCCFP, a réclamé la "révision de tous les comptes" des 11 candidats.
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