La cour d'appel a condamné l'ex-numéro 2 de la PJ de Lyon à quatre ans d'emprisonnement dont 18 mois avec sursis, soit la peine ferme prononcée en première instance en 2016, alourdie d'un an et demi avec sursis.
Condamné notamment pour corruption et association de malfaiteurs, le "super-flic" déchu, retraité de la police dont il était d'ores et déjà révoqué, a aussi été frappé d'une interdiction définitive d'y exercer.
Ayant déjà passé huit mois en détention provisoire après son interpellation en 2011, il pourra solliciter un aménagement de peine pour ne pas retourner en prison.
"J'ai mangé du miel pendant trente-cinq ans de ma vie professionnelle, j'ai donné beaucoup, éprouvé beaucoup de moments d'émotions incroyables, maintenant c'est une autre vie qui va s'ouvrir pour moi", a déclaré devant la presse l'ancien policier, teint hâlé et front barré de son éternelle mèche.
A 62 ans, Michel Neyret, s'est dit soulagé: "Aujourd'hui, je pense que j'en ai presque fini avec l'institution judiciaire, sauf si il y a un pourvoi en cassation, ce qui ne sera pas notre cas".
"J'ai encore une autre épreuve qui va m'attendre devant le juge d'application des peines, qui va décider de comment la peine s'exécutera", a-t-il ajouté. Il pourrait par exemple la purger sous bracelet électronique.
L'"affaire Neyret" en restera là si le parquet général, qui avait requis cette même peine de quatre ans dont 18 mois avec sursis, mais assortie de 15.000 euros d'amende et cinq ans d'interdiction des droits civiques, ne forme pas de pourvoi.
"C'est humiliant"
Michel Neyret, qui encourait théoriquement dix ans de prison, était poursuivi pour huit délits dont corruption, trafic d'influence ou détournements de scellés de stupéfiants. Contrairement au tribunal correctionnel, la cour d'appel l'a également condamné pour association de malfaiteurs.
La justice lui reprochait d'avoir fourni des informations confidentielles à des membres du milieu lyonnais, présentés comme des "indics", en échange d'avantages, de cadeaux et d'argent liquide, et d'avoir prélevé sa dîme sur une saisie de stupéfiants pour rétribuer des informateurs.
A l'audience, en avril, il avait reconnu "un aveuglement" dans la gestion de ses "indics", tout en défendant sa méthode pour réaliser de beaux coups dans le milieu du grand banditisme.
L'avocat général avait estimé dans son réquisitoire que Michel Neyret avait "abîmé l'image de la police" et "créé une sorte d'anti-modèle pour les jeunes générations de fonctionnaires".
Après 32 ans de carrière dont 20 à la tête de la prestigieuse brigade antigang de Lyon, Neyret, adulé par ses équipes et ses supérieurs et décoré de la Légion d'honneur pour ses résultats, était une légende au moment de sa chute.
Concernant les autres prévenus du dossier, le commandant Gilles Guillotin a été condamné à huit mois de prison avec sursis et le commissaire Christophe Gavat relaxé. En poste à l'antenne de la PJ de Grenoble à l'époque des faits, ils étaient poursuivis pour avoir détourné des scellés de drogue pour leur patron.
Stéphane Alzraa, l'un des corrupteurs présumés de Michel Neyret, actuellement détenu en Israël pour d'autres dossiers, a lui été condamné à trois ans de prison et 250.000 euros d'amende.
Parmi les prévenus définitivement condamnés en première instance figurent un autre corrupteur présumé du "grand flic", Gilles Benichou, et Nicole Neyret, condamnée à huit mois avec sursis pour avoir profité des largesses des amis de son mari.
Corruption, association de malfaiteurs... "Terminer ma carrière par ces termes là, c'est plus que blessant, c'est humiliant pour moi, mais c'est la réalité judiciaire et je n'y peux rien", a observé Michel Neyret.
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