Encore leur faudra-t-il endurer trois ou quatre jours supplémentaires en Méditerranée après avoir été secourus entre samedi et dimanche au large de la Libye, selon le plan communiqué par les autorités maritimes italiennes à l'Aquarius, un navire affrété par l'association française SOS Méditerranée.
Ce plan prévoit le transbordement de 500 de ces 629 migrants sur un bateau des garde-côtes italiens et un bateau de la marine italienne, qui accompagneront l'Aquarius à Valence, en Espagne.
"On n'a pas encore d'information sur l'heure du départ", a indiqué mardi matin une porte-parole de SOS Méditerranée, basée à Marseille, dans le sud de la France. Mais, a-t-elle ajouté, le voyage des côtes maltaises, où se trouve l'Aquarius, jusqu'à Valence prendrait "au moins 3 jours de navigation".
Vers 08H00 mardi, l'Aquarius était ravitaillé par un navire italien, a-t-elle précisé.
L'Aquarius, présent depuis février 2016 dans cette partie de la Méditerranée, où il a secouru près de 30.000 personnes, était depuis dimanche au centre d'un bras de fer entre l'Italie et Malte, avant que l'Espagne n'offre une solution en ouvrant ses ports.
SOS Méditerranée, inquiète de la durée du voyage pour ces 629 migrants, dont sept femmes enceintes, 11 enfants en bas âge et 123 mineurs isolés, avait dans un premier temps refusé l'offre de l'Espagne.
Détermination
"Ce plan signifie que des gens déjà épuisés vont endurer encore quatre jours de mer. La meilleure solution serait de débarquer ces personnes secourues dans le port le plus proche d'où elles pourraient être transportées vers l'Espagne ou un autre pays sûr", a indiqué l'ONG française Médecins sans frontières (MSF), également présente sur l'Aquarius.
Mais la détermination du ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini, à la manoeuvre depuis le début de cette crise, l'a finalement emporté.
"L'Aquarius partira dès que possible", avait-il affirmé lundi soir, après avoir crié victoire sur Twitter et lors d'une conférence de presse depuis les locaux à Milan (nord) de son parti, la Ligue (extrême droite).
"Sauver des vies est un devoir, transformer l'Italie en un énorme camp de réfugiés, non. L'Italie en a fini de courber l'échine et d'obéir, cette fois IL Y A QUELQU'UN QUI DIT NON", a-t-il assuré sur Twitter.
Et ce n'est qu'une étape pour celui qui s'est imposé ces derniers jours comme le véritable homme fort de la politique italienne, après avoir remporté avec le Mouvement cinq Etoiles (M5S, antisystème) les législatives du 4 mars.
Le patron de la Ligue a également prévenu les autres ONG qui patrouillent au large de la Libye: vous serez traitées de la même manière. Autrement dit les ports italiens vous seront dorénavant interdits.
Ce qui n'a pas empêche SOS Méditerranée d'affirmer mardi vouloir poursuivre ses opérations de sauvetage au large de la Libye dès que l'Aquarius serait de retour d'Espagne.
Cette fermeté ne concerne pour l'instant que les ONG, dont aucune n'est italienne, avait remarqué lundi M. Salvini.
Un navire des garde-côtes italiens est ainsi attendu en Sicile dans les prochaines heures où il débarquera quelque 937 migrants, également secourus au large de la Libye.
'Front en Europe'
Il n'empêche, le nouveau ministre italien de l'Intérieur estime avoir atteint son but: contraindre les autres pays européens à prendre en charge une partie du "fardeau" de la crise migratoire. "Nous avons ouvert un front en Europe", s'est-il ainsi félicité lundi.
L'Italie, qui a vu quelque 700.000 migrants débarquer sur ses côtes depuis 2013, a régulièrement accusé les Européens de l'avoir laissée seule face à la crise migratoire.
A Madrid, le tout nouveau ministre des Affaires étrangères, Josep Borrell, a d'ailleurs insisté sur "la nécessité pour les Européens (...) de faire face de manière solidaire et coordonnée à un problème qui est celui de tous, et non pas pendant un an celui de la Grèce, l'année suivante celui de l'Italie".
La ministre de la Justice Dolores Delgado a réaffirmé mardi que la décision du nouveau gouvernement socialiste espagnol était une "question d'humanité" et évoqué la possibilité d'une "responsabilité pénale internationale" des Etats refusant d'accueillir les migrants.
A Valence, les autorités, qui tiennent une réunion dans la journée, ont commencé à préparer l'arrivée des migrants, "le réseau hospitalier", les "foyers, les logements où ils seront accueillis", a indiqué le président de la région de Valence, le socialiste Ximo Puig.
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