"Le gouvernement ordonne un rappel officiel immédiat en raison de la présence de dispositifs de manipulation", a annoncé le ministre allemand des Transports Andreas Scheuer dans un communiqué, à l'issue d'un entretien avec le patron du groupe, Dieter Zetsche.
Daimler, la maison mère de Mercedes, "a indiqué qu'il allait procéder aussi vite que possible, en collaboration transparente avec les autorités, pour s'assurer que les systèmes de mesures rejetés par le gouvernement soient supprimés", a affirmé le ministre.
"Clarifier les questions légales"
Daimler a confirmé ce rappel dans un communiqué, disant vouloir "clarifier les questions légales" liées à cette procédure d'une envergure exceptionnelle.
Les modèles principalement concernés sont les fourgons Mercedes Vito et les SUV des emblématiques classe GLC et C, dont 238.000 roulent en Allemagne.
Daimler, épargnée jusque là par le scandale du dieselgate, faisait déjà l'objet d'une enquête du parquet de Stuttgart, ville de l'ouest de l'Allemagne où siège le groupe. Les autorités allemandes avaient à leur tour manifesté de premiers soupçons à la mi-mai 2018.
L'agence fédérale allemande de l'automobile, la KBA, avait alors ordonné le rappel de près de 5.000 Mercedes Vito, affirmant avoir repéré des logiciels suspects. Daimler avait contesté. Le ministère des Transports avait alors repris le dossier, se donnant deux semaines pour rendre public les résultats de son enquête.
Daimler est le troisième constructeur allemand éclaboussé par le scandale des moteurs diesel truqués qui a éclaté en septembre 2015.
Volkswagen a admis l'utilisation de logiciels capables de fausser les résultats des tests d'émission, dissimulant le niveau réel de la pollution aux oxydes d'azote (NOx), qui accroissent les risques de maladies respiratoires et cardiovasculaires.
Le premier constructeur automobile mondial a reconnu avoir installé ces logiciels truqueurs sur 11 millions de véhicules dans le monde entier.
Les véhicules ainsi équipés restaient dans les limites légales d'émissions de substances dangereuses comme les oxydes d'azote pendant les tests en laboratoire, mais dépassaient ces mêmes limites de 40 fois en conduite sur route.
Le scandale a jusqu'à présent coûté à Volkswagen plus de 25 milliards d'euros en amendes, rachats et dédommmagements, et de hauts responsables de la firme sont l'objet d'enquêtes, soupçonnés d'avoir participé à la fraude.
Depuis 2015, d'autres constructeurs automobiles allemands ont eux aussi été contraints de rappeler des véhicules afin de modifier des logiciels truqueurs, même si aucun n'a reconnu une tricherie de masse comme celle de Volkswagen.
Au cours des dernières semaines, la KBA a ordonné des rappels massifs à Audi et à Porsche, deux filiales de Volkswagen, ainsi qu'un rappel moins important à BMW.
Des procureurs ont perquisitionné en mars chez BMW, déclarant que leur enquête "ne faisait que commencer" après avoir collecté des indices, et ils ont annoncé lundi qu'ils soupçonnaient le PDG d'Audi Rupert Stadler de fraude.
"L'ensemble de l'industrie automobile européenne est toujours engluée dans cette affaire du diesel, et tout ce qui a été fait jusqu'à présent n'a rien fait pour l'en libérer", a déclaré à l'AFP Ferdinand Dudenhoeffer, un expert de l'industrie automobile du centre de recherches CAR, évoquant outre les constructeurs allemands des firmes en Italie et en France.
Pour lui, le gouvernement allemand devrait approuver des modifications des hardwares, et non des logiciels, pour parvenir à "une solution honnête" aux émissions excessives.
Sinon, des firmes automobiles continueront dans l'avenir à tomber dans les mêmes erreurs et à voir leur réputation détruite, a estimé M. Dudenhoeffer.
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