Les ministres des Affaires étrangères des quatre pays --Sergueï Lavrov, Heiko Maas, Jean-Yves Le Drian et Pavlo Klimkine-- vont se retrouver jusque tard dans la soirée pour discuter de l'insaisissable cessez-le-feu prévu par les accords de Minsk de février 2015, parrainés par Paris et Berlin.
"C'est la crédibilité du processus de paix actuel qui est en jeu. Il faut tout faire pour sortir d'une situation marquée par des centaines de violations du cessez-le-feu chaque jour, des dizaines de morts chaque mois", a relevé Jean-Yves Le Drian au sujet du conflit qui a tué quelques 10.000 personnes en quatre ans.
A l'issue d'un calendrier électoral chargé en France, en Allemagne et en Russie en 2017 et 2018, les puissances semblent aussi vouloir relancer le processus avant les scrutins ukrainiens de 2019.
Signe du regain d'activité diplomatique, le Conseil de sécurité de l'Onu a adopté la semaine passée sa première résolution sur le conflit depuis janvier 2017 afin de dénoncer "les violations persistantes du cessez-le-feu" et réclamer "le retrait immédiat des armes lourdes conformément aux dispositions des accords de Minsk".
Méfiance et menace
Le président russe Vladimir Poutine et son homologue ukrainien Petro Porochenko ont quant à eux eu une rare conversation téléphonique samedi lors de laquelle ils ont évoqué un "échange de prisonniers".
Néanmoins, les ambitions pour lundi restent modestes. "Il s'agit de faire un état des lieux du processus de Minsk et de la manière de (le) mettre en oeuvre", a expliqué Maria Adebahr, porte-parole de la diplomatie allemande.
Selon elle, les ministres discuteront aussi de l'idée, moribonde jusqu'ici, d'une mission de casques bleus de l'Onu.
Car la méfiance reste de mise, comme l'a illustré encore fin mai l'étrange faux assassinat du journaliste russe Arkadi Babtchenko en Ukraine, les Renseignements ukrainiens justifiant leur mise en scène par la nécessité d'enrayer un vrai complot meurtrier ourdi par Moscou.
Pas en reste, Vladimir Poutine a lui mis en garde Kiev contre toutes "provocations" visant les séparatistes pro-russes du Donbass durant la Coupe du monde de football qui s'ouvre le 14 juin en Russie.
Cela "aurait des conséquences très graves pour l'Ukraine en tant qu'Etat", a-t-il menacé.
Levée des sanctions
Le pouvoir russe a toujours démenti soutenir militairement les combattants de l'est ukrainien, un mensonge selon les Occidentaux et les Ukrainiens. Moscou avait aussi affirmé que son armée n'avait pas annexé la Crimée en mars 2014, avant de le reconnaître fièrement une fois le fait accompli.
La reprise à Berlin du dialogue à quatre intervient aussi alors que le Kremlin se prend à espérer une levée des sanctions imposées par les Européens en raison du conflit ukrainien.
M. Poutine peut notamment compter sur l'arrivée au pouvoir en Autriche et en Italie de gouvernements aux discours plus pro-russes, portés par des partis d'extrême droite ou populistes. Mais d'autres au sein de l'UE, Pologne en tête, réclament à l'inverse toujours plus de fermeté face à Moscou.
"C'est une partie non négligeable de notre processus de discussion avec les leaders de la France, de la République fédérale allemande", a affirmé ainsi Vladimir Poutine, selon qui en Europe beaucoup affirment "publiquement" qu'il "est temps de sortir des sanctions".
Paris et Berlin ont, eux, réaffirmé que la levée des sanctions dépend de la mise en oeuvre des accords de Minsk. Mais sur fond de relations dégradées avec les Etats-Unis de Donald Trump, des responsables s'interrogent sur la nécessité d'une détente avec Moscou, bien que le Kremlin soit accusé de campagnes de cyberattaques et de désinformation contre les Occidentaux.
Sincère ou malicieux, Vladimir Poutine a lui assuré début juin à Vienne vouloir une Union européenne "unie et prospère" et démenti toute volonté de la "diviser".
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