L'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), qui outre la Chine et la Russie réunit l'Inde, le Pakistan et plusieurs pays d'Asie centrale, entame ce weekend son sommet annuel dans la grande ville côtière de Qingdao.
Cette réunion démarre alors que, de l'autre côté du Pacifique, les dirigeants des pays riches du G7 --qui n'est plus le G8 depuis que la Russie a été exclue du club en 2014-- tentaient d'ultimes tractations pour réduire les fractures ouvertes par Donald Trump au sujet des droits de douane et du nucléaire iranien.
D'importantes forces de sécurité appuyées par des blindés quadrillaient samedi Qingdao, cité portuaire chinoise connue pour ses collines de pins et villas de style allemand. Les autorités ont évacué commerçants, résidents et touristes de plusieurs quartiers, avant un banquet d'ouverture programmé en soirée, à 11H45 GMT.
Aux côtés du président russe Vladimir Poutine et du chef d'Etat chinois Xi Jinping, un invité particulier participe à l'événement: le président iranien Hassan Rohani. Même si la question du nucléaire iranien ne figure par à l'ordre du jour, M. Rohani devrait avoir l'occasion d'évoquer le dossier avec ses homologues.
Moscou comme Pékin sont signataires, aux côtés des Etats-Unis, de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni, de l'accord de 2015 par lequel Téhéran acceptait de limiter ses activités nucléaires en échange d'un allègement des sanctions internationales.
Mais la décision de Trump de retirer Washington du traité ouvre la porte à de nouvelles sanctions contre l'Iran et les entreprises étrangères présentes dans le pays. Téhéran cherche désormais à s'assurer l'appui des autres signataires --Européens, Russie et notamment la Chine, grande consommatrice de pétrole iranien-- afin de maintenir à flot son économie.
"L'Iran ne peut pas attendre indéfiniment. Nous avons été un acteur fidèle à nos engagements. Et nous faisons face à une région extrêmement volatile", a affirmé à l'AFP la haute responsable iranienne Masoumeh Ebtekar, lors d'une visite en Lituanie.
Face au retrait américain, "les membres de l'OCS pourraient accorder un statut de membre à l'Iran pour lui témoigner leur soutien, et leur attachement à l'accord nucléaire", observe Dawn Murphy, professeur de relations internationales à l'US Air War College.
"Routes de la Soie"
M. Rohani est le deuxième président iranien à assister à un sommet de l'Organisation de Shanghai, où l'Iran n'a qu'un statut d'observateur. L'OCS compte parmi ses membres quatre ex-républiques soviétiques d'Asie centrale (Ouzbékistan, Kazakhstan, Tadjikistan, Kirghizstan) et deux nouveaux venus: l'Inde et le Pakistan. Le Premier ministre indien Narendra Modi est également attendu à Qingdao.
Ce sommet intervient par ailleurs juste avant la rencontre historique, mardi à Singapour, entre Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un.
Xi Jinping a rencontré M. Kim à deux reprises ces dernières semaines en Chine, alors que, de l'avis des experts, Pékin entend ne pas se laisser marginaliser par les pourparlers entre Washington et Pyongyang.
Officiellement cependant, la Chine devrait surtout pousser lors du sommet de Qingdao ses "Nouvelles routes de la soie", colossal projet d'infrastructures à travers l'Asie, l'Europe et l'Afrique.
Le géant asiatique reste sous la menace de tarifs douaniers américains punitifs, et Washington vient d'imposer à ses propres alliés des taxes sur l'aluminium et l'acier: autant de préludes d'une possible guerre commerciale planétaire. Dans ce contexte, le commerce et les coopérations économiques figureront en bonne place dans les discussions de l'OSC, souligne Mme Murphy.
Alors que montent les pressions protectionnistes entre les Etats-Unis et ses alliés traditionnels, les pays de l'OSC pourraient bien discuter d'une éventuelle zone de libre-échange, estime même l'experte.
Enfin, Moscou, comme Pékin, voit dans l'Organisation de Shanghai -- qui abordera également à Qingdao la lutte contre le terrorisme et le piratage informatique-- un moyen de faire pièce à l'influence des Etats-Unis et de l'Otan.
Lancée en 2001 principalement pour résoudre des questions frontalières, l'OCS ne fait plus profil bas, a déclaré Vladimir Poutine cette semaine à la télévision chinoise CGTN: "Nous avons pris conscience que nous pouvions faire de grandes choses", a martelé le président russe.
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