Gérard Boulanger, avait été en 1981 l'avocat qui déposa les toutes premières plaintes contre Maurice Papon, ex-ministre du Budget de Valéry Giscard d'Estaing, grand serviteur de l'Etat pendant des décennies en tant que préfet, maire, député, ministre. Et qui avait été à Bordeaux secrétaire général de la préfecture de Gironde pendant l'occupation allemande.
Il fallut 15 ans de procédure pour renvoyer Maurice Papon devant les assises de la Gironde pour la déportation de 1.690 Juifs de Bordeaux, un procès hors normes de six mois où Gérard défendit une majorité des parties civiles. Le 2 avril 1998, Maurice Papon était condamné à 10 ans de réclusion criminelle.
Le barreau de Bordeaux, par son bâtonnier Jérôme Dirou a salué samedi auprès de l'AFP la mémoire d'un "grand avocat et d'un grand homme", qui lors du procès Papon a fait preuve "de ténacité, de courage, et d'intelligence", bien qu'ayant pris "énormément de coups", pour au final voir "la gloire (du procès) partagée avec beaucoup d'autres", arrivés plus tard dans la procédure.
Outre ce dossier auquel il aura consacré près de 20 ans de sa vie -et trois livres-, Me Boulanger était aussi un militant des droits de l'homme, qui plaida dans de nombreux dossiers de droit d'asile et d'étrangers en situation irrégulière, et présida la Ligue des droits de l'Homme en Gironde, siégeant à la direction nationale de la LDH.
La LDH a salué en lui "un avocat et militant intraitable des droits de l'Homme", dont la "détermination à ce que justice soit rendue aux victimes de M. Papon a permis une victoire des droits sur l'oubli".
Gérard Boulanger, qui fut aussi élu régional d'Aquitaine (sous l'étiquette Front de Gauche), et écrivain-historien, auteur notamment de livres sur le ministre assassiné de Léon Blum, Jean Zay, ou sur "Le juif Mendès-France", était un aussi un avocat "moderne" dans sa communication, a rappelé le bâtonnier.
Il était "un avocat médiatique, non au sens pas médiatique pour lui, comme peuvent l'être certains, mais médiatique pour les causes qu'il défendait", a déclaré Me Dirou, se remémorant une des formules de son combatif confrère sur certains dossiers: "Je vais faire un +référé médiatique+ !"
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