B:14, c'est le nom de la méningite à méningocoque qui a touché pendant des années la Seine-Maritime et particulièrement l'agglomération de Dieppe. Entre 2003 et 2013, 165 cas de méningite sont référencés dans le département. L'épidémie fait 20 morts.
C'est finalement grâce à une vaccination spécifique administrée à partir de 2006 qu'elle est maîtrisée.
Les premières explications concernant cette épidémie ont été apportées par les médecins, vendredi 8 juin 2018, lors d'une conférence de presse au CHU de Rouen.
On sait comment…
L'étude portée par le CHU de Rouen, l'université de santé et l'institut Pasteur a été menée sur 3522 personnes. Grâce aux nouvelles technologies, les chercheurs ont pu étudier avec précision les souches de méningite portées par ces volontaires.
Les médecins ont découvert le mécanisme qui rend la bactérie dangereuse. "On a identifié un gène qui permet à la bactérie de capter le fer qui est nécessaire à sa croissance et à sa virulence, explique le professeur François Caron. Et la bactérie est capable de mettre ce gène en off."
"Lorsque ce gène est éteint, la bactérie ne peut pas passer dans le sang et faire la maladie, poursuit le docteur Muhamed-Kheir Taha de l'institut Pasteur. Quand il est allumé, la bactérie peut acquérir le fer et l'infection s'amplifie et on va avoir une infection très grave."
... mais pas pourquoi
On connaît donc le mécanisme mais en revanche, pour l'instant, pas d'explication concernant le basculement de "off" à "on" : "c'est aléatoire", répond Muhamed-Kheir Taha.
Mais cette avancée sur la compréhension du mécanisme est importante pour les scientifiques : "mieux comprendre les maladies, mieux comprendre les infections ne peut qu'aider à mieux les prendre en charge, les traiter et les prévenir", ajoute François Caron.
Pas de facteurs humains ni environnementaux
Mais une question primordiale persiste : pourquoi Dieppe ?
"Ce n'est pas faute d'avoir cherché des facteurs humains, des facteurs environnementaux mais ça n'a pas été identifié", explique le professeur François Caron, précisant que ce n'est en tout cas "ni à cause de la centrale nucléaire, ni à cause des engrais".
Une réponse qui ne sera sans doute jamais apportée d'après Muhamed-Kheir Taha : "il faudrait remonter le temps et retrouver les premières souches qui sont apparues à la fin des années 1980".
"Je ne pense pas qu'on puisse aller au-delà de ce qu'on a déjà regardé mais on a déjà vu des choses qui sont rassurantes. Il n'y avait pas, par exemple, de facteurs de fragilité de la population, ajoute François Caron. Dans l'histoire des maladies infectieuses, il y a avant tout des aléas qui font qu'une bactérie peut à l'instant T s'installer dans une région et être à l'origine de malheurs."
Vaccination
En France, en moyenne, 500 cas de méningite sont déclarés chaque année.
Les médecins rappellent qu'aujourd'hui, il existe des vaccins efficaces et qu'il est "essentiel de se faire vacciner contre la méningite C".
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