"Nous avons préparé au mieux le sommet (de l'Otan en juillet à Bruxelles) qui chacun le sait sera sous tensions", a expliqué vendredi à l'AFP la ministre française des Armées, Florence Parly.
"Nous savons combien ces tensions sont fortes", a reconnu Mme Parly.
Tous les participants à la réunion des ministres de la Défense venus à Bruxelles préparer le sommet de l'Otan des 11 et 12 juillet ont suivi les échanges acrimonieux entre Donald Trump, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre canadien Justin Trudeau avant le début de la réunion du G7 au Canada.
Décision a été prise à l'Otan de ne pas jeter de l'huile sur le feu. "Le climat a été au travail et à la concentration sur les sujets qui sont les nôtres", a assuré la ministre française.
Quelques ministres ont fait part à leur homologue américain Jim Mattis de leur préoccupation face à la manière dont le président américain traite ses alliés, punis par des taxes et des sanctions commerciales pour avoir refusé de se plier à ses exigences, mais ils l'ont fait sans acrimonie, selon plusieurs sources.
Le ministre canadien Harjit Sajjan qui avait promis de "faire entendre" le mécontentement du Canada est resté très poli, a dit à l'AFP un des participants sous couvert de l'anonymat. "Jim Mattis est très apprécié par les alliés", ont d'ailleurs souligné plusieurs chefs de la Défense.
Unité affichée
Les désaccords majeurs avec les Etats-Unis n'ont pas été occultés mais "plusieurs ministres ont insisté sur la nécessité de rester unis au moment où nous voyons la Russie chercher à nous diviser", s'est félicité le secrétaire général de l'Otan, le Norvégien Jens Stoltenberg.
Jim Mattis n'a fait aucun commentaire sur les préoccupations et les divergences des alliés avec la Maison Blanche.
En revanche, il a déploré, au cours d'une conférence de presse, les "investissements non coordonnés entre les alliés", considérés comme "un gaspillage de ressources et un doublon dans les efforts de l'Alliance".
La critique vise clairement l'Initiative européenne d'intervention (IEI) que la France va lancer à la fin juin avec neuf autres pays, dont l'Allemagne.
Pour la France, cependant, il ne s'agit pas d'une force d'intervention et il n'y aura pas d'unités dédiées prêtes à être déployées.
"Je veux faire passer le message d'une complémentarité entre les efforts européens et ceux au sein de l'Alliance", a insisté Mme Parly.
Mobilité
Les ministres ont adopté jeudi l'initiative américaine "4x30", dont l'objectif est la capacité de déployer sous 30 jours 30 bataillons mécanisés (un bataillon compte entre 600 et 1.000 combattants selon les pays), 30 escadrilles et 30 navires de combat pour pouvoir faire face à une opération militaire de la Russie, identifiée comme un potentiel agresseur.
Ils ont également discuté des moyens de renforcer la capacité de déplacements des troupes alliées.
"Il est essentiel de pouvoir déplacer sans retards des troupes à travers l'Atlantique et au sein de l'Europe, afin de pouvoir avoir les forces appropriées au bon endroit au bon moment", a expliqué M. Stoltenberg.
Un commandement basé à Norfolk, aux Etats-Unis, a été chargé des communications transatlantiques et un autre, installé à Ulm, en Allemagne, auront pour mission de coordonner les déplacements de troupes et de matériel en Europe. Cette mobilité fait l'objet d'une étroite coopération avec l'Union européenne qui a prévu de lui allouer 6,5 milliards d'euros dans le budget de la période 2020-2027.
De fait, la capacité d'action et de réaction en cas d'attaque impose des moyens financiers conséquents. Un bras de fer oppose les Etats-Unis à leurs alliés européens pour un partage équitable de l'effort.
Berlin, considéré comme le mauvais élève par Donald Trump, a annoncé jeudi son intention de porter ses dépenses militaires à 1,5% de son PIB en 2025. L'Allemagne restera toutefois loin de l'engagement souscrit par les 29 membres de l'Otan de consacrer 2% de leur PIB aux dépenses militaires en 2024. Jim Mattis l'a d'ailleurs rappelé sèchement jeudi à son homologue allemande Ursula von der Leyen.
La France s'est engagée à atteindre les 2% en 2025. "C'est tout a fait réalisable", a assuré Florence Parly.
Mais le président Trump reste sourd à l'argument des contraintes budgétaires invoqué par ses alliés. Ce dossier restera une source de tension au le sommet de l'Otan en juillet.
"La réussite du sommet dépendra de l'humeur du président américain", a confié à l'AFP un responsable de l'Alliance.
csg/agr/neo
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