Habitué des sorties peu diplomatiques, malgré son poste, M. Johnson n'a pas mâché ses mots lors d'un dîner organisé par un groupe de pression conservateur, censés restés privés mais dont plusieurs médias ont obtenu un enregistrement.
"Si vous n'avez pas le courage de vouloir une politique indépendante, vous n'obtiendrez jamais les bénéfices économiques du Brexit. Vous n'obtiendrez jamais les bénéfices politiques du Brexit", a-t-il dit, selon le site d'information BuzzFeed News.
Evoquant Bruxelles, l'eurosceptique parle d'"ennemi", d'après The Times. "Nous allons combattre l'ennemi, tout à fait. Nous devons et nous allons le faire".
Mais "vous devez accepter le fait que cela puisse s'effondrer maintenant. OK? Je veux que personne ne panique durant cet effondrement. Pas de panique. Pro bono publico, pas de foutue panique, tout va bien se passer à la fin", a-t-il ajouté, rapporte BuzzFeed.
Le Brexit sera "irréversible" mais "il risque de ne pas être celui que nous voulons", a-t-il ajouté.
M. Johnson a ainsi estimé que le risque était grand de voir le Royaume-Uni accepter un accord violant de nombreuses "lignes rouges" des tenants d'un Brexit sans concession, comme lui, maintenant le pays "emprisonné en orbite autour de l'UE, dans l'union douanière et dans une large mesure au sein du marché unique".
"Sottise"
Le Royaume-Uni doit quitter l'Union européenne fin mars 2019 tout en restant dans l'union douanière pendant une période de transition jusqu'à fin 2020, le temps de mettre en place un nouveau partenariat.
Un alignement qui pourrait se poursuivre jusqu'à fin 2021 si aucune solution n'est trouvée pour maintenir une frontière ouverte entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande (membre de l'UE). Les tenants d'un Brexit dur craignent toutefois qu'il s'éternise après cette date et vide de son sens la sortie de l'UE.
Le négociateur en chef de l'UE sur le Brexit, Michel Barnier, devait faire un point vendredi après-midi sur l'avancement des négociations, notamment sur la très épineuse question de la frontière irlandaise. Mais Boris Johnson a minimisé la portée de ce problème.
"C'est si petit et il y a si peu d'entreprises qui utilisent vraiment cette frontière de manière régulière, c'est juste incompréhensible de laisser une si petite chose prendre de telles proportions", a-t-il déploré. "Nous laissons tout notre agenda être dicté par cette sottise".
Selon le chef de la diplomatie, Donald Trump s'y prendrait de manière plus musclée face à Bruxelles. "J'admire de plus en plus Donald Trump. Je suis de plus en plus convaincu qu'il y a de la méthode dans sa folie".
"Expertise nucléaire"
"Imaginez Donald Trump faire le Brexit", a-t-il songé. "Il s'y impliquerait de manière extrêmement dure (...) Il y aurait toutes sortes de ruptures, toutes sortes de moments chaotiques. Tout le monde penserait qu'il serait devenu fou. Mais en fait, à la fin, on pourrait arriver à quelque chose. C'est une pensée très, très agréable".
Sur le plan international, Boris Johnson a affirmé que Theresa May présenterait à la réunion du G7, au Canada, un plan prévoyant la mise en place d'une "unité d'intervention rapide" face aux agressions russes, notamment les cyber-attaques.
Il a dit que le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo avait demandé au Royaume-Uni d'user de son "expertise nucléaire pour démanteler les missiles nucléaires de Kim Jong Un", le leader de la Corée du Nord.
Une source proche de Boris Johnson a estimé "triste et très décevant" que les propos tenus lors de ce dîner privé aient été "enregistrés et distribués aux médias".
Boris Johnson est habitué aux gaffes ainsi qu'à mettre dans l'embarras Theresa May, mais la teneur de ses derniers propos laissaint toutefois les observateurs abasourdis.
"Jamais par le passé on a pu entendre un chef de la diplomatie britannique tenir de tels propos sur des alliés, des ennemis et son propre gouvernement", soulignait ainsi le journaliste Jack Blanchard, du site Politico.
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