Quelque 340.000 (3 %) des jeunes de 14-17 ans auraient ainsi déjà consommé de la cocaïne, de l'ecstasy ou du GHB, et 255.000 (5 %) des 18-24 ans en consommeraient toutes les semaines.
"L'enquête confirme l'importance de la consommation de produits licites et illicites, mais l'augmentation de la consommation des drogues festives (ecstasy, cocaïne...) qui apparaît d'un peu plus du double que dans les enquêtes habituelles, suscite une inquiétude particulière", estime le président du Fonds Actions Addictions, Michel Reynaud.
Le Fonds, la Fondation Gabriel-Péri (de gauche) et la Fondation pour l'innovation politique (libérale) sont commanditaires de l'enquête, qui a également permis d'interroger les parents et un échantillon représentatif de la population adulte.
Elle paraît alors que le Plan national de mobilisation contre les addictions du gouvernement est attendu.
"Les parents sous-évaluent les consommations de leurs enfants en matière d'alcool, de tabac, de jeux d'argent et de pornographie" mais "ils sont demandeurs de solutions (contrôle d'identité, identification bancaire...)", remarque le Pr Reynaud. Aux pouvoirs publics de prendre leurs responsabilités, tout d'abord en faisant appliquer la loi sur l'interdiction de vente d'alcool et de tabac aux mineurs, estime-t-il.
Un jeune sur cinq (dont 15 % des 14-17 ans) regarde de la pornographie au moins une fois par semaine, 9 % une fois par jour et 5 % plusieurs fois par jour. "Cela a des conséquences sur le développement des jeunes les plus vulnérables et les moins structurés psychologiquement", avec un "rapport peu adapté à la sexualité" et une "addiction", note le spécialiste.
Braver l'interdit, "jeu d'enfant"
Plus d'un jeune sur dix (13 % des 14-24 ans) jouent au moins une fois par semaine à un jeu d'argent. Et les jeunes des milieux défavorisés en sont les premiers consommateurs.
Un quart des 18-22 ans passent plus de cinq heures par jour sur les réseaux sociaux, et 10 % plus de huit heures. Un sur six (16 %) s'adonne plus de cinq heures par jour aux jeux vidéo et 7 % plus de huit heures. Certains jeunes dépassent ainsi dix heures quotidiennes devant un écran.
Selon l'enquête, se procurer des produits interdits aux mineurs est pour ces derniers un "jeu d'enfant" : acheter de l'alcool, du tabac, des jeux d'argent (loto et PMU inclus) ou du cannabis est facile pour environ les deux tiers d'entre eux. Plus accessible encore, le porno, facile d'accès d'après 91 % d'entre eux.
La majorité des jeunes a toutefois une bonne perception des risques liés aux produits et à l'abus d'écrans : risque de dépendance, de maladies graves, d'accidents de la route, d'échecs scolaires, professionnels ou financiers, risques d'isolement, de dépression ou de suicide.
Les campagnes publiques d'information sont vues comme peu efficaces. Grand public, parents et jeunes souhaitent quasi unanimement le remboursement à 100 % de tous les soins anti-addictions, relève le Pr Reynaud.
Les trois fondations commanditaires de l'enquête militent en ce sens, appelant à des mesures concrètes pour une meilleure protection des jeunes, et plus spécialement des mineurs.
L'enquête souligne, par ailleurs, que les jeunes des milieux défavorisés et les jeunes obèses sont plus vulnérables en matière d'addictions.
Elle a été réalisée par Ipsos entre le 30 mars et le 5 avril pour le Fonds Actions Addictions, la Fondation Gabriel-Péri et la Fondation pour l'innovation politique, soutenus par le groupe mutualiste VYV. Ont été interrogés 1.000 jeunes de 14 à 24 ans et deux autres échantillons représentatifs : 2.005 adultes de 18 ans et plus, et 402 parents d'enfants de 14 à 24 ans.
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