"Tout est prêt pour le sommet. Tout se passe très bien, j'espère que cela va continuer comme ça", a-t-il déclaré en recevant le Premier ministre japonais Shinzo Abe à cinq jours d'une rencontre à l'issue très incertaine tant les négociations sur la dénucléarisation de la péninsule s'annoncent âpres.
Interrogé sur la façon dont il préparait ce rendez-vous historique, le 45e président des Etats-Unis a mis en avant son instinct: "Je ne pense pas avoir besoin de me préparer tant que ça. C'est d'abord une question d'état d'esprit, de volonté de faire avancer les choses".
"Nous commencerons peut-être par établir une bonne relation et c'est quelque chose de très important pour atteindre le but ultime d'un accord", a ajouté l'ancien promoteur immobilier, rappelant l'exigence des Etats-Unis: que Pyongyang se débarrasse de ses armes nucléaires.
Le président irait-il jusqu'à inviter le jeune dirigeant du régime reclus avec lequel il était engagé il y a quelques mois encore dans une surenchère verbale ? "La réponse est oui (...), assurément si ça se passe bien", a-t-il répondu, évoquant un possible face-à-face à la Maison Blanche.
Possible "normalisation"
Soulignant combien l'outil des sanctions était "puissant", M. Trump a expliqué avoir choisi de ne pas en ajouter d'autres à ce stade pour laisser une chance à un dialogue qui pourrait selon lui aboutir à "quelque chose d'incroyable pour le monde" et, à terme, à une "normalisation" des relation entre Washington et Pyongyang.
En première ligne sur ce dossier, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, qui a rencontré Kim Jong Un à deux reprises à Pyongyang, a assuré que ce dernier était sérieux dans sa volonté de négocier.
"Il m'a dit personnellement qu'il était prêt à dénucléariser”, a-t-il expliqué. Le secrétaire d'Etat américain a précisé qu'il irait à la rencontre des responsables sud-coréens, japonais et chinois dans la foulée du sommet entre Trump et Kim.
M. Abe, qui tente de faire entendre sa voix dans les intenses tractations diplomatiques en cours autour de la péninsule coréenne, a de son côté souligné qu'il n'y avait pas de changement dans la politique japonaise visant à réaliser "une vraie paix" dans cette partie de l'Asie.
Depuis l'annonce d'une possible rencontre Trump-Kim, le Japon ne cesse de souligner l'impérieuse nécessité de ne pas baisser la garde face au régime de Pyongyang, qui fait peser une menace concrète sur l'archipel avec ses missiles.
"Je souhaite faire directement face à la Corée du Nord et lui parler afin que le problème des enlèvements soit rapidement résolu", a dit M. Abe, affirmant que si la Corée du Nord était "désireuse de faire un pas" dans la bonne direction, elle aurait "un avenir radieux".
Le dossier des ressortissants japonais enlevés par la Corée du Nord dans les années 1970 et 1980 est politiquement très sensible sur l'archipel, et le président américain a promis de le garder à l'esprit.
Mais le sujet n'est pas --loin s'en faut-- une priorité pour M. Trump, dont la stratégie reste entourée d'un certain flou mais qui ne cache pas son enthousiasme à l'idée d'être le premier président américain en exercice à engager un dialogue direct avec un héritier de la dynastie des Kim.
"Quelque chose de formidable"
Interrogé sur la possibilité de quitter la table des négociations si ces dernière s'avéraient stériles, M. Trump n'a pas exclu l'hypothèse tout en se montrant une nouvelle fois particulièrement optimiste.
"Je pense vraiment que Kim Jong Un veut faire quelque chose de formidable pour son peuple et aussi pour sa famille et pour lui-même", a-t-il dit.
La multiplication des rencontres sur l'épineux dossier nord-coréen a un goût amer pour Shinzo Abe, jusqu'ici tenu à l'écart: Donald Trump prépare son sommet et le président chinois Xi Jinping et son homologue sud-coréen Moon Jae-in ont chacun rencontré à deux reprises Kim Jong Un.
Pour Richard Armitage, ancien haut diplomate sous l'administration George W. Bush, il existe un réel risque que le Japon "se retrouve isolé" à l'issue du sommet de Singapour.
MM. Trump et Abe, qui ont une nouvelle affiché une forme de complicité, ont brièvement abordé, lors de leur conférence de presse commune, la question désormais ultra-sensible des droits de douane mis en place par Washington au nom de la défense des travailleurs américains.
La Japon, qui pensait pouvoir convaincre son proche allié américain d'être exempté des nouvelles taxes douanières instaurées sur l'acier et l'aluminium, n'a pas caché sa déception et son amertume après l'échec des discussions.
Les deux hommes devaient rejoindre cette fin de semaine le Canada pour participer à un G7 sous haute tension en raison de la politique commerciale de l'administration Trump qui suscite le courroux de ses alliés.
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