A la suite des révélations de Mediapart et du Monde en mai, c'est Franceinfo qui a diffusé jeudi matin une enquête affirmant que le candidat d'En Marche! avait bénéficié de "prix cassés" et de "ristournes cachées" de la part de théâtres parisiens ayant accueilli ses réunions publiques.
L'Élysée a aussitôt réagi en réaffirmant que "les comptes de campagne du candidat Emmanuel Macron avaient été validés par les autorités compétentes en la matière", à savoir la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP).
"Il y a en France des commissions compétentes et un juge qui ont déjà jugé les comptes de campagne", a déclaré jeudi le président de la République interrogé sur ce dossier lors d'une conférence de presse commune à Montréal avec le Premier ministre québécois Philippe Couillard, à la veille de son départ pour le G7 à La Malbaie, à 150 km à l'est de Québec.
Le président de la CNCCFP, François Logerot, a assuré jeudi qu'il n'y avait pas d'"irrégularités". La Commission avait déjà estimé, début mai, que les premières remises obtenues par l'équipe du futur président auprès de prestataires de services étaient "acceptables" et ne constituaient "pas des participations illicites au financement" de cette campagne.
De son côté, Christophe Castaner a expliqué avoir "dû négocier les prix les plus bas" lors de la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron, le délégué général de La République en marche niant toute "irrégularité" ou "anomalie" dans les comptes.
"Culture sympathique"
Mais l'opposition s'est déjà emparée de ces nouvelles révélations. Les Républicains (LR) ont annoncé qu'ils allaient "saisir officiellement" la CNCCFP pour lui demander de "retirer" sa décision de validation des comptes afin de pouvoir les "réexaminer".
Sur son blog, Jean-Luc Mélenchon a jugé qu'il serait "sain et utile" que "les comptes de campagne de Macron soient mis en cause devant la justice", plutôt que cette dernière s'intéresse aux "délires sur [son propre] compte de campagne", au sujet desquels le parquet de Paris a ouvert une enquête pour procéder à des "vérifications".
Au contraire, pour François Bayrou (MoDem), allié de M. Macron, il s'agit d'une "polémique totalement infondée". "Ça ne me dérange pas du tout qu'on marchande", a plaidé l'ex-garde des Sceaux, qualifiant cette pratique de "culture sympathique".
Ce nouveau développement dans les affaires de comptes de campagne, qui concernent plusieurs candidats, intervient la semaine où est lancée une enquête sur un possible conflit d'intérêts visant le secrétaire général de l'Élysée, Alexis Kohler, principal conseiller d'Emmanuel Macron.
"Aujourd'hui, on cherche à tout prix à chercher des problèmes quand il n'y en a pas", a réagi Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Éducation nationale. Mais, a-t-il ajouté sur LCI, cela "prouve que personne n'est à l'abri de rien dans notre République" et "montre bien que nous sommes une vraie démocratie".
"Enquête approfondie" réclamée
Selon Franceinfo, l'équipe Macron a "obtenu un tarif au minimum 75% moins cher" que les prix habituellement réclamés pour tenir meeting le 6 février 2017 dans la salle Bobino puis le 8 mars au Théâtre Antoine. Ces deux salles appartiennent à Jean-Marc Dumontet, présenté par la radio comme "un personnage incontournable du théâtre français" et un "proche du couple Macron".
Franceinfo indique par ailleurs que l'équipe d'En Marche! a loué une autre salle parisienne, la Bellevilloise, pour une réunion publique à laquelle Emmanuel Macron n'a pas participé, pour 1.200 euros. Alors que le candidat socialiste Benoît Hamon a dû débourser 4.838 euros "pour une soirée assez similaire", selon la radio.
"Quand on a plusieurs candidats qui demandent la même prestation, je pense qu'on doit les traiter de la même façon", a réagi Régis Juanico, trésorier de la campagne de Benoît Hamon, sur BFMTV, en réclamant "une enquête approfondie".
Dans un communiqué, le Rassemblement national a estimé que, "parce que les Français s'interrogent légitimement face à ces révélations et que celles-ci prennent de plus en plus d'ampleur, toutes les voies légales disponibles doivent désormais être empruntées pour que lumière soit faite sur les soupçons qui pèsent sur l'insincérité" de ces comptes de campagne.
"Il en va de la crédibilité de la CNCCFP", insiste le parti de Marine Le Pen.
Mais pour Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, les comptes de campagne d'Emmanuel Macron "ont été ceux, parmi les grands candidats, les moins réformés, puisqu'il y a 120.000 euros de réformation (correction dans les comptes, NDLR)". Il a rappelé, sur France Inter, que Jean-Luc Mélenchon avait "eu 450.000 euros de réformation" et Marine Le Pen "870.000 euros".
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