Face aux critiques soulevées par ce lourd bilan, le Parquet guatémaltèque a annoncé l'ouverture d'une enquête pour déterminer s'il y a eu négligence des forces de sécurité pour ne pas avoir ordonné l'évacuation à temps.
"Les conditions climatiques et les résidus encore incandescents dans les zones affectées ne permettent pas de préserver l'intégrité physique des secouristes", a déclaré à la presse David de Leon, porte-parole de la Coordination nationale de lutte contre les catastrophes naturelles (Conred)
"Nous rappelons que des explosions peuvent se produire dans la zone et que la pluie peut provoquer des coulées de boue et de cendre", a-t-il précisé.
Depuis trois jours, secouristes, policiers et militaires fouillaient des amas de débris, de cendres et de roche à la recherche de corps à San Miguel Los Lotes et d'autres localités affectées par la spectaculaire éruption dimanche de ce volcan culminant à 3.763 mètres et situé à 35 kilomètres au sud-ouest de la capitale Guatemala.
Mercredi, les recherches avaient déjà été suspendues du fait de fortes averses et d'une coulée incandescente ayant charrié des morceau de roche atteignant 5 mètres de haut dans certains cas, selon l'Institut guatémaltèque de vulcanologie (Insivumeh).
L'Institut national des sciences médico-légales (Inacif) a indiqué jeudi dans un rapport que ses morgues ont reçu les corps de 109 victimes. Près de 200 personnes sont toujours portées disparues.
Un précédent bilan faisait état de 99 morts. L'Inacif précise que sept corps ont été transportés dans la morgue installée près de la zone dévastée et que trois autres corps ont été emmenées à la morgue centrale de la capitale, ces personnes ayant succombé à leurs blessures après avoir été hospitalisées.
Seuls 28 corps ont jusqu'ici pu être identifiés. Selon la Conred, 58 personnes sont blessées et 12.277 ont été évacuées, dont 3.665 emmenées dans 21 abris.
Pelles mécaniques
La pause dans le sauvetage a conduit certains membres des familles de victimes à entrer dans la "zone 0" malgré les restrictions imposées par la police, pour essayer de retrouver leurs proches ensevelis.
"Depuis qu'ils ont arrêté temporairement les recherches nous avons décidé de venir voir", a déclaré William Chavez à l'AFP. L'homme, visiblement épuisé, a perdu un frère, une belle-sœur et un neveu de 4 ans dans la tragédie, qu'il a cherchés en vain dans les hôpitaux, les refuges et à la morgue.
"On sait déjà que nous n'allons plus pouvoir récupérer de corps entiers", a déclaré Luis Vásquez à l'AFP, résigné à l'entrée en action de pelles mécaniques pour démolir sa maison et retrouver les restes de trois adultes et quatre enfants à l'intérieur de sa maison.
Il admet qu'il se contenterait de trouver des "morceaux" de sa famille, parce que les températures élevées ont pu brûler les corps, pour pouvoir leur donner un enterrement décent dans le cimetière d'Escuintla.
Plus de 72 heures après le drame, l'aide internationale commençait à s'organiser et les Etats-Unis ont dépêché mercredi un avion militaire qui a transféré six enfants brûlés dans l'éruption vers un hôpital spécialisé de Galveston, au Texas (sud).
"Nous ne devons pas sous-estimer l'ampleur de ce désastre. Les besoins d'urgence critiques restent énormes et les communautés touchées auront besoin d'un soutien durable et à long terme", a déclaré sur les lieux de la tragédie Francesco Rocca, président de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).
Le Volcan "de Fuego" était déjà entré en éruption en janvier. En septembre 2012, son précédent réveil avait entraîné l'évacuation de quelque 10.000 personnes résidant dans des villages situés sur le flanc sud.
Deux autres volcans sont également actifs au Guatemala: le Santiaguito (ouest) et le Pacaya (20 km au sud de la capitale). Ce petit pays d'Amérique centrale est situé sur la "Ceinture de feu du Pacifique", une zone qui concentre environ 85% de l'activité sismique terrestre.
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