Après une semaine de manifestations quotidiennes qui ont entraîné la démission de son prédécesseur, Omar al-Razzaz s'était engagé mercredi "à dialoguer avec les différentes parties" afin de "parvenir à un système fiscal juste pour tout le monde".
Une tâche qui semble très ardue au vue de la situation économique de la Jordanie. En effet, le royaume largement dépendant des aides étrangères et dépourvu de ressources naturelles, s'est engagé auprès du Fonds monétaire international (FMI) à réduire sa dette publique en échange d'un prêt de plusieurs centaines de millions d'euros.
Avec un taux de chômage de 18,5%, 20% des habitants vivant à la limite du seuil de pauvreté et des hausses de prix répétés, le projet de loi sur l'impôt sur le revenu "a été la goutte qui a fait débordé le verre", affirme à l'AFP Fayez Mohammed, un avocat d'une quarantaine d'année présent mercredi avec ses collègues à un rassemblement devant le siège des syndicats à Amman.
Le texte décrié prévoit une augmentation entre 5% et 25% des impôts pour les particuliers et impose les personnes ayant un salaire annuel supérieur à 8.000 dinars (environ 9.700 euros).
"Le Premier ministre désigné débutera aujourd'hui ses discussions avant d'annoncer la formation d'un nouveau gouvernement (...) dans les prochains jours", a affirmé à l'AFP une source gouvernementale sous le couvert de l'anonymat.
M. Razzaz doit ainsi s'entretenir avec le président du Sénat Fayçal al-Fayez, le président du Parlement Atef al-Tarawneh et les représentants de la confédération syndicale", a-t-il ajouté.
Poursuite de la mobilisation
La démission lundi du Premier ministre Hani Mulqi et l'appel du roi Abdallah II à une "révision complète" du projet de loi sur l'impôt sur le revenu n'ont pas suffi à dissiper les craintes et griefs de nombreux Jordaniens.
Leur principale revendication reste le retrait pur et simple du texte au Parlement.
Réagissant à des rumeurs dans la presse sur des dissensions avec le chef du gouvernement, M. Tarawneh a affirmé que si désaccord il y avait, il serait mis de côté pour faire passer l'intérêt général en premier.
"Nous voulons renvoyer bientôt le projet de loi sur l'impôt" au gouvernement, a-t-il écrit sur Twitter sans autre précision peu avant minuit, au moment où plus de 2.000 manifestants à Amman criaient leur colère pour la septième nuit consécutive.
Quelques échauffourées ont eu lieu entre les manifestants et les forces de l'ordre, mobilisées en grand nombre, et un policier a été blessé, selon l'agence de presse officielle Petra.
Souhaib Rabaibai, 28 ans et employé dans le domaine du développement pour une entreprise privée, était venu spécialement de Ajloun (nord) pour manifester.
"Les prix ne cessent d'augmenter sur tous les produits dont un jordanien a besoin: la nourriture, les voitures, le logement et les télécommunications... On ne travaille plus pour nous, mais pour payer l'Etat", lance-t-il à un correspondant de l'AFP.
Depuis janvier, le royaume a vécu plusieurs hausses de prix de produits de base, dont le pain (+100%) en raison d'un relèvement des taxes. Le prix du carburant a aussi augmenté à cinq reprises cette année alors que les factures d'électricité ont connu une hausse de 55% depuis février.
Certaines de ces hausses sont dues à la fin des subventions publiques dans le cadre des réformes demandées par le FMI.
L'accueil de centaines de milliers de Syriens ayant fui la guerre pèse également lourdement sur les finances publiques et Amman appelle régulièrement la communauté internationale à une aide plus substantielle pour ce dossier.
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