La réunion, proposée par la hiérarchie catholique (qui joue le rôle de médiateur dans le conflit), "a été acceptée par le président et se tiendra demain jeudi 7 juin à 15H00 (21H00 GMT) à la Maison des peuples", a déclaré la Conférence épiscopale du Nicaragua (CEN) dans un communiqué.
Le rendez-vous a pour objectif d'"aborder les sujets si indispensables à notre patrie, la justice et la démocratie, dont dépend toujours la paix, dans le but d'évaluer l'opportunité de reprendre le dialogue", ont indiqué les évêques dans une lettre adressée au président.
Les évêques avaient pris la décision de suspendre le dialogue après la mort de 16 manifestants, le 30 mai, dans des manifestations à travers le pays. Le lendemain, ils avaient annoncé que le dialogue ne reprendrait pas tant que la répression continuerait.
La CEN s'est posée en médiateur depuis le mois de mai, essayant de réunir à la même table le gouvernement et l'opposition, formée de représentants des étudiants, d'entreprises et de la société civile.
Le dialogue vise à sortir le pays de la grave crise politique et sociale dans laquelle il est plongé depuis le début des manifestations, le 18 avril. Réprimées d'une main de fer par les autorités, elles ont fait 121 morts et 1.300 blessés, selon un dernier bilan de l'ONG Centre nicaraguayen des droits de l'homme (Cenidh).
La Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) a dénoncé mercredi, à Washington, les "nouvelles formes et pratiques répressives" du gouvernement du Nicaragua contre les manifestants.
"Défendre Masaya"
"Nous voulons tous la paix, nous voulons le dialogue, nous voulons travailler ensemble et nous écouter, discuter de tous les sujets parce qu'il y a une solution à tout", avait assuré lundi Rosario Murillo, Première dame et vice-présidente du pays. Dans une apparente tentative d'apaisement, elle s'était dit "engagée en faveur du dialogue, du travail, de la sécurité et de la paix".
Mais sur le terrain, la situation est loin d'être apaisée. Les opposants ont assuré mercredi que la majorité des routes du pays étaient bloquées, en particulier au sud de la capitale, dans le but de protéger la ville de Masaya, cible de pillages, d'incendies et d'offensives des forces antiémeutes.
"L'idée est d'augmenter les blocus pour défendre Masaya, qui est devenue une cible de la dictature", a déclaré à l'AFP l'ex-guérillera et dissidente du sandinisme au pouvoir, Monica Baltodano.
Les barrages routiers de l'opposition concernent également l'accès à Grenade, un centre historique et touristique, où de nouveaux affrontements ont fait au moins un mort, mardi.
"Nous sommes attristés par les événements d'hier (mardi) dans la ville historique de Grenade, patrimoine culturel du Nicaragua, qui a été dévasté, incendié comme à l'époque (du flibustier américain) William Walker", qui s'était fait élire président du Nicaragua en 1856, a déclaré Murillo.
Selon le gouvernement, les incendies ont touché des édifices publics, des bâtiments du parti au pouvoir et des commerces.
"Il tue son peuple"
Les protestations sont menées par des jeunes qui défendent leurs villes avec des pierres et des mortiers faits maison face aux balles réelles des forces antiémeutes du gouvernement.
"Notre seule arme est ce mortier (...). L'objectif est d'essayer de continuer à nous défendre jusqu'à la fin", a déclaré à l'AFP Álvaro Torres, un mécanicien qui a passé l'après-midi à fabriquer des mortiers artisanaux avec trois voisins pour défendre leur quartier à Masaya, à 30 km au sud de la capitale.
"C'est injuste ce que fait Daniel Ortega,(...) il tue son propre peuple", a dénoncé Zeneyda del Rosario Cuesta, mère d'un adolescent de 17 ans tué dimanche par un coup de feu, dont la famille affirme qu'il venait de la police.
Mardi, l'assemblée générale de l'Organisation des Etats américains (OEA) a adopté une déclaration "en soutien au peuple nicaraguayen", dans laquelle elle exhorte le gouvernement Ortega et tous les membres de la société à dialoguer de manière constructive face à la crise et à mettre fin à toute violence.
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