Avec 11 femmes et 6 hommes, ce gouvernement est le plus féminin que l'Espagne ait jamais connu.
C'est aussi le plus minoritaire depuis le rétablissement de la démocratie. Le Parti Socialiste ne dispose que de 84 députés sur 350 et dépendra donc de la marge de manoeuvre que voudront bien lui laisser le parti de gauche radicale Podemos, les nationalistes basques et les indépendantistes catalans, qui ont soutenu la motion de censure contre M. Rajoy.
En pleins préparatifs du Brexit au Royaume-Uni, et alors que l'Italie vient de se voir se former un gouvernement eurosceptique, l'exécutif espagnol a volontairement un caractère pro-européen marqué.
Sanchez, 46 ans et sans expérience du pouvoir, a ainsi nommé l'ancien président du parlement européen Josep Borrell aux Affaires Etrangères et la directrice du budget de l'UE Nadia Calviño à l'Economie.
Il a par ailleurs nommé le premier astronaute espagnol Pedro Duque aux Sciences.
La composition de ce gouvernement est "le reflet du meilleur de la société" espagnole, "paritaire, intergénérationnel et ancrée dans l'UE", a-t-il déclaré.
Accordant une place prépondérante aux femmes, Sanchez a nommé Carmen Calvo, 60 ans, ancienne ministre de la Culture (2004-2007), comme vice-présidence. Elle sera également à la tête du ministère de l'Egalité, une question prioritaire pour le gouvernement, trois mois après l'exceptionnelle "grève générale féministe" et les manifestations d'ampleur inédite du 8 mars.
Sanchez a aussi choisi de placer des femmes à des postes centraux, au point que la presse espagnole se demande si le Conseil des "ministros" (ministres au masculin) ne devrait pas être rebaptisée des "ministras" (au féminin).
L'ancienne procureure antiterroriste Dolores Delgado arrive à la Justice et l'ancienne juge de la Cour suprême Margarita Robles à la Défense. Isabel Celaa sera chargée de l'Education, Magdalena Valerio du Travail, Carmen Montón de la Santé.
Caractère pro-européen marqué
Le socialiste a surtout choisi deux femmes pour diriger son équipe économique qui, selon sa promesse de la semaine dernière, "devra avoir pour priorité principale de respecter les engagements européens" en matière de déficit public.
A côté de Nadia Calviño à l'Economie, Maria Jesus Montero prend le portefeuille des Finances. Assumant déjà cette responsabilité au gouvernement régional de l'Andalousie, elle avait ainsi dû pratiquer dans sa région les coupes claires dans les dépenses publiques ordonnées par le gouvernement conservateur.
Au nom de "la stabilité", Sanchez s'est engagé à conserver le budget de l'Etat 2018 élaboré par les conservateurs, en passe d'être examiné par le Sénat.
Autre figure pro-européenne, le chef de la diplomatie, Josep Borrell, 71 ans, est un Catalan opposé fermement à l'indépendance de sa région. A l'étranger, il sera chargé de défendre l'unité du Royaume d'Espagne, alors que le gouvernement Rajoy, selon lui, avait tout "fait de travers" en termes de communication face aux indépendantistes.
Le numéro trois du PSOE, José Luis Abalos, est lui chargé des Travaux publics et l'ancien juge Fernando Grande-Marlaska de l'Intérieur.
En interne, une autre Catalane sera chargée de dialoguer avec le gouvernement indépendantiste de Quim Torra: Meritxell Batet, Barcelonaise de 45 ans, nommée ministre de l'Administration territoriale.
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