Téhéran a entamé des "travaux préparatoires au cas où le JCPOA (le sigle officiel de l'accord, ndlr) viendrait malheureusement à échouer, de façon à ce que l'Iran puisse relancer ses activités sans les restrictions liées au JCPOA", a déclaré son ambassadeur auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Reza Najafi, corroborant les informations en ce sens de l'agence de presse iranienne Fars.
"Cette initiative est assez malvenue. Cela montre une forme d'irritation et c'est toujours dangereux de flirter avec les lignes rouges", a répondu le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Si on passait à "une étape supérieure, l'accord serait rompu", a-t-il mis en garde.
"En ce moment et dans la situation actuelle, cela ne contribue pas à bâtir la confiance, ce qui serait aussi dans l'intérêt de Téhéran", a renchéri un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères.
Les Européens tentent de faire perdurer l'accord obtenu de haute lutte en 2015 et supposé empêcher l'Iran d'accéder à l'arme atomique en échange d'une levée des sanctions qui l'isolaient et étranglaient son économie.
Mais le gouvernement américain de Donald Trump l'a dénoncé en mai, faisant planer de lourdes menaces de sanctions sur tous ceux qui voudraient avoir des échanges économiques avec ce pays.
L'Europe se retrouve ainsi sous une double pression, celle de Téhéran qui exprime son mécontentement et celle de Washington qui pourrait s'en prendre à ses entreprises.
Demandes d'exemptions
La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont d'ailleurs demandé aux Etats-Unis des exemptions de sanctions pour leurs sociétés présentes en Iran.
"En tant qu'alliés, nous attendons des Etats-Unis qu'ils s'abstiennent de prendre des mesures qui feraient du tort aux intérêts de défense européens", ont écrit les ministres des Finances et des Affaires étrangères des trois pays au secrétaire d'Etat Mike Pompeo et au secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin.
La lettre, datée de lundi, a été rendue publique sur Twitter par le ministre français des Finances, Bruno Le Maire.
Cette question des entreprises européennes est essentielle pour l'évolution du dossier, Téhéran ayant besoin d'investissements étrangers pour remettre à flots son économie.
"Si l'Iran ne retire pas de bénéfices économiques de l'accord, ses dirigeants ne pourront plus sauver la face (..) il leur apparaîtra impossible de continuer à limiter leur programme nucléaire", dont ils affirment qu'il est à vocation civile, estime Ellie Geranmayeh, un analyste de l'European Council on Foreign Relations de Londres.
L'accord risque fort d'être vidé de substance par la seule menace américaine, comme l'a implicitement déclaré un des plus farouches adversaires de Téhéran, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, mardi soir à Paris : "Je n'ai pas demandé au président (Emmanuel) Macron de quitter l'accord. Je pense que les réalités économiques vont décider de cette question".
Loi de blocage
Certaines comme les français Total (pétrole) et PSA (automobiles) ont commencé à dire qu'elles allaient réduire leur activité en Iran de crainte des sanctions américaines.
L'omnipuissance économique américaine et la prépondérance absolue du dollar dans les échanges commerciaux font qu'il est très difficile pour une compagnie internationale d'ignorer des menaces de sanctions américaines.
De nombreuses entreprises ont encore en mémoire la très douloureuse amende de près de neuf milliards de dollars infligée par Washington à la banque française BNP Paribas pour avoir contourné des embargos.
L'Union européenne tente de s'organiser pour contrer les mises en garde américaines, mais le processus est lent et incertain.
La Commission européenne a adopté mercredi une réglementation appelée "loi de blocage" qui avait été créée en 1996 pour contourner l'embargo sur Cuba sans être jamais vraiment utilisée et avait besoin d'être amendée pour s'appliquer au cas iranien.
Les Etats membres et le Parlement européen disposent d'un délai de deux mois pour s'y opposer. "Si aucune objection n'est soulevée", la législation entrera en vigueur "au plus tard" début août, comme les premières sanctions américaines, a précisé l'exécutif européen.
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