Le vote des 630 membres de la chambre basse du parlement aura lieu dans l'après-midi. Il est sans risque pour le nouveau gouvernement qui y dispose d'une confortable majorité de plus de 30 députés. Mardi, le Sénat, qui en Italie dispose des mêmes pouvoirs que la Chambre des députés, lui avait accordé sa confiance après le premier discours de politique générale du nouveau président du Conseil.
Inconnu des Italiens avant d'avoir été choisi par le Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) et la Ligue (extrême droite), Giuseppe Conte, 53 ans, a défendu le programme de ce premier gouvernement populiste dans un des pays fondateurs de l'Union européenne. Et s'il entend bien réduire l'énorme dette publique de l'Italie, la plus importante de la zone euro après celle de la Grèce, ce ne sera pas par des mesures d'austérité, a-t-il confirmé.
Se voulant rassurant à l'égard des partenaires de l'Italie au sein de l'UE, ce professeur de droit privé a confirmé l'ancrage européen et atlantique de son pays.
"L'Europe est notre maison", a-t-il lancé, revendiquant dans la foulée l'appartenance de l'Italie à l'Otan.
Ce qui ne l'a pas empêché de réitérer sa volonté de mettre en oeuvre une politique d'"ouverture" à l'égard de la Russie, conformément aux engagements pris pendant la campagne par les deux "actionnaires majoritaires" de la coalition, la Ligue et le M5S.
Le rappel de l'attachement à l'Europe n'est toutefois pas de nature à lever toutes les ambiguïtés, relevait l'éditorialiste du Corriere della Sera mercredi. De quelle Europe parle en effet M. Conte quand à la veille de ce discours, Matteo Salvini, le patron de la Ligue, a fait savoir qu'il avait eu un entretien téléphonique avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban, dans lequel les deux hommes se sont promis de travailler ensemble pour "changer les règles de cette Union européenne" ?, s'interrogeait ce journal.
G7 au Canada
M. Conte aura l'occasion de s'en expliquer devant les principaux pays occidentaux, à l'occasion d'un sommet du G7 en fin de semaine au Canada, où il effectuera sa première sortie internationale.
Le nouveau président du Conseil italien s'est déjà entretenu avec plusieurs dirigeants, dont le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel.
Certains responsables européens restent néanmoins dubitatifs devant le coût des mesures fiscales, économiques et sociales prévues par le "contrat de gouvernement" signé par la Ligue et le M5S, dont M. Conte s'est dit mardi le "garant".
"Nous allons bien traverser l'été, mais il y aura des problèmes en automne même si le nouveau gouvernement ne met en oeuvre que 50% de ce qu'il a prévu", a d'ores et déjà prédit Klaus Regling, le patron du Mécanisme européen de stabilité (ESM), fonds mis en place par l'Union européenne pour venir en aide aux Etats membres en difficulté, cité par le quotidien allemand des affaires Handelsblatt.
Et de ce point de vue, M. Conte a confirmé les objectifs contenus dans le "contrat" de son gouvernement : réduction de la fiscalité, lutte contre l'immigration clandestine, revenu de citoyenneté, une sorte de revenu d'insertion pour les plus pauvres.
Mais, il n'a pas donné de détails sur le financement de ces mesures qui pourraient représenter plusieurs dizaines de milliards d'euros. Et s'il a réitéré la volonté de son gouvernement d'instaurer une "flat tax", un impôt sur le revenu à 15% et 20%, il n'a donné aucune date. Idem pour le revenu de citoyenneté.
Pas de quoi rassurer les marchés financiers ou certains pays européens.
Après plusieurs séances de détente -les investisseurs étant soulagés de voir le feuilleton politique italien trouver un épilogue-, de fortes tensions sont à nouveau apparues sur la dette italienne mardi après le discours de M. Conte.
Le spread, l'écart très surveillé entre les taux d'emprunt italien et allemand à 10 ans, a atteint dans la soirée 240 points, contre 208 la veille au soir. Mercredi, après avoir bondi à 253 points, il était redescendu à 241 points à la mi-journée.
La Bourse de Milan était pour sa part à l'équilibre, après avoir cédé 1,18% mardi.
Dans le discours de M. Conte, "trois points fondamentaux (étaient) totalement absents : les délais de réalisation, les financements et les priorités. Comment peut-on réduire les impôts et en même temps augmenter les dépenses de santé, sociales, sur la sécurité, les retraites ?", s'est interrogé le directeur du quotidien La Repubblica, proche de la gauche.
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