Le texte, qui fera l'objet lundi prochain d'une commission mixte paritaire (CMP) chargée de trouver un texte commun entre députés et sénateurs, a été voté par 240 voix pour et 85 contre.
Les grands principes du projet du gouvernement, adopté mi-avril à l'Assemblée en première lecture, sont conservés: ouverture à la concurrence du transport de voyageurs, transformation de la SNCF en société anonyme à capitaux publics et fin des recrutements au statut de cheminot.
Grâce aux amendements, le projet de loi a été "enrichi sur un certain nombre de points", avait reconnu la ministre des Transports Élisabeth Borne avant le vote sur LCI.
Mais s'il y a eu des "avancées importantes" au Sénat, elles restent "insuffisantes" aux yeux de la CFDT Cheminots, qui avait négocié des amendements avec Mme Borne. Comptant 26 jours de grève depuis début avril -davantage que les 22 jours du mouvement emblématique de 1995-, ce "conflit historique n'est pas encore terminé", a prévenu la 4e force syndicale à la SNCF.
La CFDT a en ligne de mire la CMP où elle espère glaner de nouvelles avancées comme un "volontariat total" pour les transferts de cheminots chez un rival de la SNCF après l'ouverture à la concurrence.
Christian Jacob, chef de file des députés LR, a promis mardi que son groupe irait à cette CMP "dans un état d'esprit positif". "D'ailleurs, ce texte, nous l'avons voté très majoritairement à l'Assemblée" et "on a pris acte que c'est plus clarifié qu'au début".
Autre organisation réformiste qui a joué le jeu des amendements, l'Unsa ferroviaire (2e) a aussi décidé de rester sur une ligne alliant "opposition ferme et négociations" pour "maintenir la pression" car elle espère gagner encore des "améliorations significatives".
"Besoin de maintenir la pression"
Quant à la puissante CGT Cheminots, 1er syndicat du groupe public, elle voit au-delà du vote de la loi, inscrivant son action dans un "processus encore long", ponctué notamment par la rédaction "des décrets d'application", et par les "négociations sur la convention collective nationale de la branche ferroviaire" et celles du "pacte d'entreprise" de la SNCF.
La table ronde tripartite -syndicats, patronat du ferroviaire et gouvernement- promise par Mme Borne la semaine prochaine "doit permettre d'amplifier le rapport de forces" en faveur des cheminots, souhaite la CGT.
Il y a "bien besoin de maintenir la pression", a estimé mardi le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. La CGT continuera la grève "jusque fin juin" et, "après, les cheminots décideront", a-t-il ajouté.
SUD-Rail, 3e syndicat, juge que les amendements "n'apporteront aucune garantie" aux cheminots. Et "qui dit fin du processus parlementaire ne dira pas forcément fin de la mobilisation", a prévenu son porte-parole Erik Meyer, lors d'une manifestation rassemblant environ 150 personnes mardi devant le Sénat.
Ce projet de loi "renvoie à des discussions avec le syndicat patronal, la direction, à d'autres discussions avec le gouvernement (...), la mobilisation est loin d'être terminée", a-t-il relevé. SUD-Rail appelle les cheminots "à participer jeudi aux assemblées générales pour décider de la suite du mouvement et du calendrier" de la grève, a indiqué Bruno Poncet, secrétaire fédéral de ce syndicat qui prévoit également de manifester, en marge de la CMP.
Ses partenaires CGT, Unsa et CFDT seront eux à Luxembourg jeudi, pour une manifestation à l'occasion d'un conseil des ministres européens des Transports.
Et pour regonfler les taux des grévistes, en recul au fil des épisodes de deux jours de grève, l'intersyndicale a décidé de rejouer la carte d'un nouveau temps fort unitaire. Après sa journée dite "sans cheminots" le 14 mai, qui avait enregistré un net rebond de la mobilisation, l'intersyndicale a prévu le 12 juin une "Journée de la colère cheminote".
"Dire qu'il n'y a pas une forme d'usure, ce serait mentir", a reconnu lundi Didier Aubert (CFDT) tout en tablant sur "un réservoir de cheminots prêts à se mobiliser".
D'ici là, le 14e épisode de grève commencera mercredi soir.
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