"Si populisme signifie être capable d'écouter les besoins des personnes, alors nous le revendiquons", a affirmé M. Conte, qui a pris la tête vendredi du premier gouvernement populiste dans un pays fondateur de l'Union européenne.
Novice en politique, inconnu des Italiens il y a encore deux semaines, cet avocat de 53 ans a affronté avec conviction l'hémicycle du Sénat, où il est venu présenter son premier discours de politique générale avant de demander la confiance du parlement.
Flanqué de ses deux puissants vice-Premiers ministres, Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème), et Matteo Salvini, le patron de la Ligue (extrême droite), M. Conte a d'emblée annoncé qu'il serait le "garant" du "contrat de gouvernement" signé entre ces deux "actionnaires majoritaires" de la coalition.
"Je suis un citoyen qui s'est déclaré disponible à assumer cette responsabilité de président du Conseil et à être garant du contrat du changement", a-t-il déclaré, alors que nombre d'observateurs en Italie s'interrogent sur son autonomie.
"Je suis conscient de la responsabilité que j'ai assumée, et bien conscient des prérogatives que la Constitution attribue au président du Conseil", a-t-il cependant assuré.
M. Conte a sans surprise confirmé les objectifs contenus dans le "contrat" de son gouvernement: réduction de la fiscalité, lutte contre l'immigration clandestine, revenu de citoyenneté (revenu d'insertion pour les plus pauvres) et renégociation de certaines règles européennes, à commencer par celles concernant le droit d'asile prévues dans l'accord de Dublin, qui fait peser l'essentiel de la charge de l'accueil des migrants aux pays en première ligne, comme l'Italie.
'Crise migratoire'
L'Italie a été laissée seule face à la crise migratoire, a-t-il ainsi déploré, réclamant un système "automatique" et "obligatoire" de répartition des demandeurs d'asile.
"Nous mettrons fin au +business+ de l'immigration, qui a augmenté de manière démesurée à l'ombre d'une fausse solidarité", a-t-il ajouté, reprenant ainsi à son compte les thèses de Matteo Salvini, vice-Premier ministre détenant aussi le portefeuille stratégique de l'Intérieur.
Très attendu sur les dossiers européens, M. Conte a affirmé que la dette colossale de l'Italie devait être réduite, mais par des politiques favorisant la croissance et l'emploi, et non par des mesures d'austérité, là encore conformément aux engagements du M5S, dont il est proche, et de la Ligue.
Il n'a en revanche pas donné de détail sur le financement des mesures prévues dans le "contrat de gouvernement", qui pourraient représenter plusieurs dizaines de milliards. Et s'il a confirmé la volonté de son gouvernement d'instaurer une "flat tax", un impôt sur le revenu à 15% et 20%, il n'a donné aucune date. Idem pour le revenu de citoyenneté.
"L'Europe est notre maison", a-t-il aussi déclaré, revendiquant également l'appartenance de l'Italie à l'Alliance atlantique. Sur le plan diplomatique, M. Conte a également confirmé l'"ouverture" envers la Russie, que les deux forces politiques de la majorité ont toujours défendue.
"Nous serons les promoteurs d'une révision du système de sanctions", a-t-il dit devant les sénateurs, 24 heures après des déclarations du président russe Vladimir Poutine démentant toute volonté de "déstabiliser" ou de "diviser" l'Union européenne.
G7 au Canada
Le vote de confiance doit intervenir en soirée au Sénat, et mercredi à la Chambre des députés. Le nouveau chef du gouvernement italien doit se rendre au Canada, où il est attendu en fin de semaine pour participer à son premier G7 et rencontrer ses collègues occidentaux.
Au Sénat, la coalition M5S-Ligue a une majorité de seulement six sièges (167 sur 320), mais elle pourra vraisemblablement compter sur l'abstention des 18 sénateurs de Fratelli d'Italia (FDI, extrême droite), ce qui abaissera d'autant le quorum, permettant au gouvernement de surmonter l'épreuve sans problème. Le vote devrait avoir lieu après 20H00 (18H00 GMT).
A la Chambre des députés, qui discutera mercredi en journée du programme de M. Conte et votera dans la soirée la confiance au gouvernement, la situation est encore plus confortable pour la coalition M5S-Ligue, qui dispose d'une majorité de 30 sièges.
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