"La transformation de l'audiovisuel public était un engagement de campagne du président de la République, c'est désormais une priorité de l'exécutif", a souligné la ministre devant les patrons de France Télévisions, Radio France, Arte France, France Médias Monde, TV5 Monde et l'Ina (Institut national de l'audiovisuel), les six groupes de l'audiovisuel public.
Le premier volet de cette réforme, dont le but est notamment de mieux répondre à l'évolution des usages des téléspectateurs (SVOD, programmes à la demande...), se concentre sur le numérique "qui doit redoubler d'ambition", avec notamment "un investissement supplémentaire de 100 à 150 millions d'euros par an d'ici 2022".
Mais la réforme ayant également pour objet de réaliser des économies, chiffrées entre 250 et 500 millions d'euros d'ici 2022 selon la presse, cet effort dans le numérique se fera par un "redéploiement des moyens" et la mise en commun des projets, à l'instar de franceinfo, fruit de la coopération entre France Télés, Radio France et France 24.
Sans donner de chiffres précis, l'entourage du ministère a indiqué qu'"un cadrage budgétaire avait été donné aux sociétés et qu'il serait communiqué dans les prochains jours".
Côté offres, dès mercredi, les groupes vont lancer une nouvelle plateforme de décryptage des fausses nouvelles qui sera hébergée sur le site de franceinfo. Ils préparent également pour l'automne une offre commune en matière d'éducation grand public (à destination des élèves, étudiants et enseignants) qui s'appuiera sur le site d'Arte Educ'Arte. Et pour fin juin, une plateforme commune autour de la culture verra le jour.
Trois fois plus de régional
Le plus ambitieux des projets communs est le lancement d'un média jeunesse pour tenter de reconquérir une tranche d'âge qui se détourne des médias traditionnels. "Nous allons bâtir un champion industriel du numérique pour reconquérir le jeune public", a assuré la ministre.
France Télévisions devra libérer "au moins le canal hertzien" de sa chaîne jeunesse France 4, qui basculera sur le numérique, à une date qui n'a pas été précisée. Delphine Ernotte, la patronne de France Télévisions, a précisé que l'offre pour enfants allait être refondue autour "d'une marque unique", "une offre délinéarisée (à la demande, ndlr) et ambitieuse, sécurisée et sans publicité" avec des programmes pour enfants maintenus sur les autres chaînes.
"Il ne s'agit plus aujourd'hui d'ajuster notre modèle à la marge" mais de le "refonder radicalement", a estimé Delphine Ernotte, rappelant qu'il fallait "moins peser sur les dépenses publiques". Plus gros groupe de l'audiovisuel public, c'est France Télévisions qui supportera le plus gros des économies que souhaite faire le gouvernement.
"Nos ressources vont diminuer et il nous faudra trouver nous-mêmes des marges de manoeuvre avec des gains d'efficacité", a-t-elle poursuivi, annonçant que le groupe allait lancer un "plan de transformation".
Une réflexion autour de France Ô, chaîne de France Télévisions dédiée aux outremers, va être lancée "pour déterminer si l'avenir est au maintien de France Ô sur le canal hertzien ou au contraire au renforcement des offres numériques des Outre-Mer Premières", selon Mme Nyssen.
France 3, qui diffuse actuellement deux heures de décrochages régionaux par jour, devra se recentrer sur la proximité et "tripler" ses programmes régionaux, et combiner ses forces avec les stations locales de Radio France.
A la rentrée, deux stations locales de France Bleu expérimenteront une double diffusion radio/télévision pendant les matinales, a indiqué la patronne de radio France Sibyle Veil.
Les questions de gouvernance, de financement et ce qui concerne la régulation du secteur (transposition de la directive européenne SMA) feront l'objet de lois courant 2019.
Entre temps, une mission de concertation dirigée par Catherine Smadja, ex-haut cadre de la BBC, devra approfondir les chantiers présentés lundi avec des premières conclusions mi-juillet.
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