Le contexte a radicalement changé. Lors du congrès de Marseille, en juin 2014, la principale inquiétude des délégués concernait "l'image" de la centrale, qui accompagnait alors toutes les réformes sociales du début de quinquennat Hollande et redoutait de se trouver esseulée si elles ne portaient pas leurs fruits.
Cette année, ce sont 3.000 militants d'un syndicat toujours attaché au compromis, mais désormais beaucoup plus vindicatif, qui se réunissent jusqu'à vendredi, à l'image de leur chef Laurent Berger. Le secrétaire général, qui sera reconduit à la tête du syndicat, enchaîne depuis des mois les mises en garde adressées à Emmanuel Macron.
Reçu récemment par le président, M. Berger lui a dit "qu'il y avait un problème de méthode, un profond mécontentement de la CFDT".
"La méthode Macron, c'est +vous discutez, je tranche+", déplorait-t-il déjà en février dans Les Echos, y voyant "un problème de fonctionnement démocratique".
Les pommes de discorde ne manquent pas entre le syndicat et l'Elysée. Vent debout, en 2017, contre les ordonnances réformant le code du travail, la CFDT est aujourd'hui engagée dans plusieurs conflits, aux premiers rangs desquels ceux dans la Fonction publique et à la SNCF.
Mais au-delà des mots, Laurent Berger appelle rarement à battre le pavé, contrairement à son homologue de la CGT Philippe Martinez.
Depuis l'élection d'Emmanuel Macron, M. Berger est descendu dans la rue pour soutenir les fonctionnaires et les salariés des Ehpad, mais n'a pas défilé aux côtés des cheminots, malgré l'implication de la CFDT-Cheminots dans le mouvement, et ne s'est pas associé aux mobilisations lancées par la CGT contre les ordonnances.
Première place
Ces décisions pourraient lui valoir des critiques lors du congrès. Laurent Berger ne cache d'ailleurs pas qu'il s'attend à une grand-messe animée.
Après l'épisode des ordonnances, il admettait en octobre "une part de grogne" en interne contre sa stratégie. Celle-ci s'est exprimée le 3 octobre lors d'un événement organisé à Paris pour célébrer la première place décrochée par le syndicat dans le secteur privé, transformé en tribune pour les mécontents et les partisans d'une ligne plus dure face aux ordonnances.
"Qu'est-ce qu'on attend pour descendre dans la rue ?" s'était agacé un militant.
Si cela tangue un peu, le syndicat entame tout de même son congrès avec des motifs de satisfaction.
Sur le terrain, ses efforts d'implantation dans les entreprises lui ont permis de ravir à la CGT son leadership dans le privé. Forte de ce succès historique, la centrale est désormais tournée vers les élections dans la Fonction publique, en décembre, avec l'objectif de passer devant la CGT tous secteurs confondus.
Laurent Berger aura l'occasion de défendre ses choix et son bilan dès lundi, lors d'un premier discours qu'il prononcera à partir de 14H30. Son bilan sera ensuite débattu par les délégués jusqu'à mardi soir à la tribune, avant que le secrétaire général ne leur réponde mercredi après-midi par un deuxième discours.
Viendra ensuite le temps de l'élection des nouvelles instances et des débats autour du programme des années à venir, jeudi et vendredi matin.
Le congrès sera clos vendredi à la mi-journée après une dernière intervention de M. Berger.
Les réformes et la méthode d'Emmanuel Macron, ressenties comme brutales par les syndicats, n'ont pas fini de provoquer des remous au sein de ces organisations. Le dernier congrès syndical en date, celui de Force ouvrière, avait donné lieu fin avril à de violents échanges entre partisans et opposants de la ligne, jugée trop conciliante par certains, du leader sortant Jean-Claude Mailly.
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