. Un club bouillonnant
Il n'y a jamais d'état de grâce au Real Madrid! Quand on compte 13 titres de champion d'Europe, les trophées conquis sont vite oubliés sur l'autel des trophées à conquérir. D'où une tension permanente qui a convaincu Zidane de démissionner après deux ans et demi en poste, et cinq jours seulement après avoir remporté une troisième C1 d'affilée.
"C'est une usure naturelle", a résumé jeudi le technicien français (45 ans), qui était sous contrat jusqu'en 2020.
De fait, malgré une année 2017 de rêve, l'entraîneur français a vu les critiques pleuvoir dès janvier avec l'élimination en Coupe du Roi contre Leganés (1-0, 1-2), son pire souvenir d'entraîneur.
"Il y a des moments difficiles, où tu peux te demander: +bon, est-ce que je suis encore la bonne personne+?", a commenté Zidane.
Meneur de jeu de l'équipe madrilène (2001-2006), "ZZ" était bien placé pour connaître l'exigence parfois étouffante du Real. Un club en permanence sur des charbons ardents, où pas un entraîneur au XXIe siècle n'a duré au-delà de trois ans et demi.
"Il n'y a pas de matériau plus inflammable que le club merengue, toujours exposé à l'incendie", a résumé vendredi le quotidien Marca dans un éditorial.
. Un quotidien harassant
Entraînement, conférence de veille de match, match, conférence d'après-match, décrassage, entraînement... Au Real, l'entraîneur est toujours sur le grill, jonglant d'une compétition à l'autre, d'un voyage à l'autre.
Au risque de la lassitude, vivant intensément chaque match, Zidane s'est souvent présenté devant la presse l'air heureux mais vidé, se mélangeant les pinceaux entre français et espagnol...
"Toute l'année comme ça, avec autant de compétitions, de matches, de déplacements, cela use énormément", a déclaré à l'AFP Alfonso Pérez, qui a joué au Real (1991-1995) puis au FC Barcelone (2000-2002).
"Quand on va dans un club comme celui-là, on sait à quoi on s'expose. Enormément de pression, le devoir de bien faire. C'est un examen en permanence", a rappelé l'ex-attaquant international espagnol.
Bref, difficile de subir longtemps ces turbulences, comme l'avaient expliqué Pep Guardiola (2008-2012) ou Luis Enrique (2014-2017) au FC Barcelone. "Le temps arrive à tout user", disait alors Guardiola.
. Un contexte ultra-exigeant
Au Real ou au Barça, un match sans victoire est considéré comme un accident, deux rencontres d'affilée sont synonymes de doute, et la crise intervient à la troisième sortie sans succès...
Le stade Santiago-Bernabeu est l'un des plus pointilleux du monde: il veut du beau jeu, des victoires et des titres, et n'hésite pas à conspuer ses propres joueurs.
"On a eu des moments compliqués pendant la saison, quand il y avait aussi des sifflets. Ce sont des supporters exigeants", a rappelé Zidane.
La presse mondiale, elle, scrute à la loupe le deuxième club ayant le plus de revenus au monde (674,6 M EUR en 2016-2017 selon le cabinet Deloitte), monstre médiatique où la pression est colossale.
Une polémique chasse l'autre et il doit être fatigant de répondre dix fois à la même question sur l'intérêt supposé du Real pour Neymar...
. Un banc risqué mais séduisant
On dit l'effectif madrilène difficile à gérer, entre égos et bouderies, et Zidane a su ménager la star Cristiano Ronaldo, redonner confiance au mal-aimé Karim Benzema ou piquer au vif certains joueurs trop dilettantes.
Or, après trois C1 en trois ans, cet effectif-là a vieilli. Et il va falloir reconstruire, alors que le Real a accumulé un joli trésor de guerre grâce à la parcimonie de "ZZ" dans les transferts.
Qui pour diriger ce chantier à haut risque ? La presse espagnole hésite entre un entraîneur étranger de renom (Pochettino, Löw, Klopp) ou un jeune technicien inexpérimenté issu du sérail (Guti, Raul).
Si le sélectionneur allemand Joachim Löw a vigoureusement démenti vendredi, Mauricio Pochettino n'a pas fermé la porte à cette si prestigieuse opportunité: "Ce qui doit arriver arrivera", a-t-il dit, même s'il vient de prolonger jusqu'en 2023 à Tottenham et ne dispose pas de clause libératoire selon la presse.
"On peut penser (...) qu'il faut être courageux pour accepter un tel effectif ? Moi, je penserais plutôt le contraire", a souri l'affable technicien argentin.
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