Il y a eu la lettre ouverte du président des Etats-Unis au numéro un de la Corée du Nord, dans laquelle il annulait, la semaine dernière, leur tête-à-tête inédit prévu le 12 juin à Singapour en dénonçant "l'hostilité" de Pyongyang, tout en laissant la porte ouverte à une reprise du dialogue.
Et il y a maintenant la "lettre scellée" de l'héritier de la dynastie des Kim qui règne depuis plus de 70 ans sur le nord de la péninsule coréenne. Son négociateur en chef Kim Yong Chol, le plus haut dirigeant nord-coréen à s'être rendu aux Etats-Unis depuis dix-huit ans, doit la remettre à Donald Trump qu'il va donc rencontrer personnellement.
Le contenu de la missive, si elle est rendue publique, sera particulièrement scruté. Va-t-il permettre de confirmer le regain d'optimisme des derniers jours, et rassurer les Américains sur la portée de la dénucléarisation à laquelle s'est engagé Kim Jong Un? Et va-t-elle permettre de lever les derniers doutes sur le maintien du sommet de Singapour à la date initialement prévue?
Nouveau témoignage de l'embellie spectaculaire entre les deux pays ennemis qui n'ont pas de relations diplomatiques et ne communiquaient il y a six mois encore que par invectives et menaces réciproques, la rencontre entre l'émissaire nord-coréen et le président américain fait suite aux deux entretiens à Pyongyang, ce printemps, entre Kim Jong Un et le secrétaire d'Etat Mike Pompeo.
"Etape par étape"
Ce dernier, en première ligne côté américain, a rencontré mercredi soir et jeudi matin à New York le général Kim, son alter ego nord-coréen dans la préparation du sommet.
Au coeur des discussions, l'ordre du jour de cette éventuelle rencontre, qui serait la première entre un président américain en exercice et un leader nord-coréen.
Washington réclame une dénucléarisation "complète, vérifiable et irréversible" de la Corée du Nord et se dit prêt à apporter des garanties pour la "sécurité" du régime reclus, qui a toujours considéré son arsenal comme une sorte d'assurance-vie.
Mais l'administration Trump n'entend faire de réelles concessions, notamment sur la levée des sanctions draconiennes imposées à Pyongyang après la multiplication d'essais nucléaires et balistiques, qu'une fois que la Corée du Nord se sera "débarrassée" de ses bombes atomiques.
Kim Jong Un a redit jeudi vouloir "aller vers une dénucléarisation de la péninsule coréenne", mais a prôné un processus "étape par étape", appuyé par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov qui, en visite à Pyongyang, a mis en garde contre la "tentation d'exiger tout, tout de suite". Le régime nord-coréen a d'ailleurs publiquement affirmé refuser tout désarmement "unilatéral".
Mike Pompeo et Kim Yong Chol ont-ils réussi à concilier ces positions divergentes?
La réponse n'est pas claire, mais le chef de la diplomatie américaine a salué jeudi les "réels progrès" réalisés "dans les dernières 72 heures pour réunir les conditions" favorables à la tenue d'un sommet couronné de succès.
"On va dans la bonne direction", a-t-il insisté. "Nous avons beaucoup parlé de la marche à suivre", "de nos attentes" ainsi que "des leurs", a-t-il dit, mais "c'est un défi très très difficile" et "il reste encore beaucoup de travail".
"Il faudra que le président Kim fasse preuve d'audace dans ses décisions si nous voulons saisir cette opportunité unique pour changer le monde", a lancé Mike Pompeo, avant d'ajouter, élogieux: "Le président Trump et moi pensons que le président Kim est le genre de dirigeant qui peut prendre ce type de décisions, et dans les semaines et mois à venir nous aurons l'occasion de vérifier si c'est bien le cas".
Il a prévenu que le processus serait long et semé d'embûches, mais qu'"il serait tragique de gâcher cette opportunité".
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