Le général Kim Yong Chol, arrivé en provenance de Pékin selon la mission de Corée du Nord auprès de l'ONU, est le plus haut responsable nord-coréen à fouler le sol américain depuis 18 ans. Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, qui l'a déjà rencontré lors de ses deux voyages à Pyongyang ce printemps, devait le rejoindre pour un dîner mercredi soir et plusieurs entretiens jeudi, a précisé la Maison Blanche.
L'objectif de leurs discussions devrait être de déterminer si les deux pays ennemis sont bien en mesure de fixer un ordre du jour partagé pour le sommet du 12 juin à Singapour, et accélérer donc les préparatifs une semaine après la lettre de Donald Trump à Kim Jong Un, dans laquelle il annulait leur tête-à-tête inédit en critiquant "l'hostilité" de la Corée du Nord.
A ce revirement a succédé un tout aussi spectaculaire regain d'optimisme, à tel point que la Maison Blanche affirme désormais s'attendre à ce que le sommet ait lieu comme initialement prévu.
Pour cela, "il faut que la dénucléarisation" de la Corée du Nord "soit sur la table et au coeur de la rencontre", a toutefois prévenu la porte-parole de la présidence américaine Sarah Sanders. "Et le président doit avoir le sentiment qu'on fait des progrès sur ce front".
Mike Pompeo et Kim Yong Chol vont donc devoir tenter de concilier des attentes a priori inconciliables.
Washington réclame une "dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible", et n'entend lâcher du lest sur les sanctions internationales qu'une fois que le processus, par nature complexe et long, sera achevé ou au moins très avancé. Pyongyang a de son côté accepté de parler d'une dénucléarisation mais refuse qu'elle soit unilatérale, et sa définition risque d'être éloignée de celle des Américains tant les Nord-Coréens ont jusqu'ici présenté leur arsenal atomique comme une garantie pour la survie du régime.
J-13
La venue du général Kim aux Etats-Unis semble en tout cas témoigner d'une volonté d'avancer. Cet ancien chef espion, réputé être un faucon du régime et fin connaisseur de la Corée du Sud, a été aux avant-postes de l'extraordinaire détente en cours depuis le début de l'année après l'escalade des tensions de 2017, quand aux tirs de missiles et essai nucléaire nord-coréens succédaient sanctions internationales toujours plus strictes.
Officiellement vice-président du comité central du parti au pouvoir, il s'est rendu aux jeux Olympiques d'hiver au Sud, aux récents sommets intercoréens, en Chine pour accompagner à deux reprises Kim Jong Un, et a rencontré Mike Pompeo, lui-même en première ligne côté américain.
A treize jours du jour J, trois séries de rencontres directes sont organisées parallèlement cette semaine entre Etats-Unis et Corée du Nord, qui n'ont pas de relations diplomatiques et s'échangeaient il y a quelques mois encore menaces et invectives.
Outre les discussions à très haut niveau de New York, des délégations des deux pays se rencontrent à Panmunjom, dans la zone démilitarisée qui sépare les deux Corées, et aussi à Singapour, pour coordonner, cette fois, la logistique du sommet dans la cité-Etat asiatique. Ces autres discussions, qui se sont poursuivies mercredi, ont été "positives", a assuré Sarah Sanders, "et on va continuer à aller de l'avant avec eux".
Parallèlement, les échanges entre les gouvernements américain, sud-coréen et japonais se sont encore intensifiés ces derniers jours. Le Premier ministre japonais Shinzo Abe rencontrera Mike Pompeo à Washington le 6 juin avant d'être reçu par Donald Trump à la Maison Blanche le lendemain.
Le Japon, jusqu'ici très suspicieux face aux ouvertures de Pyongyang, envisage d'ouvrir ses propres discussions directes avec la Corée du Nord, peut-être en août au niveau des Affaires étrangères, selon des médias japonais.
Quant au chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, dont le pays a participé aux négociations sur le programme nucléaire nord-coréen dans le passé, il se rendra également à Pyongyang jeudi.
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