En dépit de ce climat de complète incertitude, les marchés financiers se sont repris mercredi après plusieurs jours d'une fébrilité qualifiée d'"émotive" par le gouverneur de la Banque d'Italie, Ignazio Visco.
La Bourse de Milan a clôturé en hausse de 2,09% à 2.798 points et le "spread", l'écart très surveillé entre les taux allemand et italien à dix ans qui avait franchi la barre des 300 points mardi, est redescendu à 275 points.
Luigi Di Maio, le chef de file du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), s'est rendu discrètement au Quirinal, le palais présidentiel, pour rencontrer le président, Sergio Mattarella, dans l'après-midi.
M. Cottarelli, un ancien haut fonctionnaire du Fonds monétaire international (FMI), que M. Mattarella a chargé lundi matin de former un gouvernement pour mener le pays aux élections, s'y était rendu en début de matinée puis y est retourné dans l'après-midi.
Selon des sources de la présidence, la composition du gouvernement d'experts de M. Cottarelli ne pose pas problème mais lui et M. Mattarella ont décidé de laisser du temps aux tractations politiques.
Depuis le report sans explication de l'annonce de la composition du gouvernement Cottarelli, attendue mardi, les médias se perdent en conjectures.
M. Di Maio a lui-même relancé l'hypothèse d'un gouvernement d'union avec la Ligue, abandonnée dimanche soir à la suite du veto spectaculaire de M. Mattarella à Paolo Savona, un économiste eurosceptique pressenti comme ministre des Finances.
Il a aussi proposé une solution de compromis: "trouvons une personne de la même envergure que Paolo Savona pour le ministère de l'Economie et des Finances et M. Savona peut rester dans le gouvernement mais à une autre position", a-t-il expliqué mercredi soir sur Facebook.
Salvini repart en campagne
M. Salvini n'a pas réagi dans l'immédiat à cette proposition, mais il a martelé toute la journée qu'il n'était prêt à repartir qu'avec le programme commun et l'équipe gouvernementale retoquée dimanche par le président.
"Soit le gouvernement commence avec le contrat signé et approuvé par les Italiens, éventuellement en ajoutant Giorgia Meloni (la patronne d'un petit parti d'extrême droite) ou alors ceux qui disent toujours non auront gagné", a-t-il déclaré, assurant qu'il ne vendrait pas sa "dignité pour dix ministères".
En pleine ascension dans les sondages, M. Salvini, qui a transformé son parti sécessionniste en une formation souverainiste, anti-euro et anti-immigrés, est déjà reparti en campagne.
Mercredi, il a enchaîné les bains de foule en Toscane et en Ligurie et son programme prévoit une dizaine d'autres rendez-vous de ce genre jeudi.
Après avoir obtenu 17% des voix aux élections de mars (contre 4% à celles de 2013) et supplanté Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, au sein de leur coalition de droite, la Ligue dépasse désormais les 20% d'intention de vote (jusqu'à 27% selon certains sondages), tandis que les autres formations stagnent ou baissent.
"J'ai passé des semaines à Rome à essayer de faire un gouvernement. Cela a été un effort inutile, maintenant je retourne au milieu des Italiens", a-t-il déclaré en réclamant un retour aux urnes "le plus tôt possible, mais pas en juillet".
Depuis mardi, les médias italiens évoquent en effet des démarches d'élus de tous bords en faveur d'élections anticipées dès le 29 juillet, afin de laisser le temps à la prochaine majorité d'élaborer et adopter le budget 2019. Compte tenu des délais d'organisation, la dissolution du Parlement devrait pour cela avoir lieu au plus tard vendredi.
Personne ne se fait d'illusions sur les chances d'un gouvernement Cottarelli d'obtenir la confiance du Parlement, aucun des grands partis n'envisageant pour l'instant de la voter.
Mercredi après-midi, les médias ont évoqué un possible accord pour que tous les partis s'abstiennent lors du vote de confiance du gouvernement Cottarelli, ce qui permettrait à l'Italie d'avoir à sa tête un exécutif n'ayant pas été ouvertement désavoué, mais M. Di Maio a réaffirmé que le M5S voterait non.
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