Très attendue après deux journées de mobilisation inédite en début d'année dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et les services d'aide à domicile, cette "feuille de route" a la "double vocation d'améliorer dans l'immédiat la qualité de vie des personnes âgées et d'anticiper la perte d'autonomie", a expliqué la ministre de la Santé devant les membres de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA).
Au rang des mesures "immédiates", elle a dévoilé des actions pour "améliorer la qualité des soins et des accompagnements en établissement".
Pour renforcer la présence médicale de nuit et réduire "les hospitalisations d'urgences évitables", les personnels d'Ehpad pourront faire appel à une astreinte infirmière mutualisée entre plusieurs établissements. Déjà votée dans la loi de financement de la Sécurité sociale 2018 et dotée de 10 millions d'euros, cette mesure sera sanctuarisée en 2019 et 2020.
Pour désengorger les services d'urgences -et éviter le traumatisme d'une hospitalisation chez des personnes fragiles- le développement de l'hospitalisation à domicile y compris en Ehpad est évoqué, ainsi que la création de 1.000 places en Ehpad, facturées au même prix qu'à l'hôpital, pour raccourcir les séjours et préparer le retour à domicile.
Pour limiter des déplacements en consultation, la télémédecine devra être généralisée d'ici 2022, une mesure chiffrée à 40 millions d'euros sur cinq ans.
La ministre prévoit en outre un plan d'investissement de 100 millions d'euros pour la rénovation des infrastructures et du matériel. Pour les personnels, des actions de prévention pour améliorer la qualité de vie au travail seront multipliées.
Accélérer les recrutements
Se disant "à bout", des milliers de personnes avaient manifesté en janvier et mars devant le ministère de Mme Buzyn pour dénoncer la "maltraitance institutionnelle" des personnes âgées et réclamer "plus de moyens".
Le gouvernement avait nommé fin janvier un médiateur et annoncé des crédits de 50 millions d'euros en 2018 pour les Ehpad en difficulté, une "broutille" pour les représentants des personnels.
Une partie de la contestation visait aussi une réforme controversée votée sous le quinquennat précédent, qui consiste à faire converger entre 2017 et 2023 les budgets des Ehpad publics et ceux du privé concernant les enveloppes "soins" (financées par l'Assurance maladie) et "dépendance" (financées par les départements)
Côté "dépendance", une enveloppe de 47 millions d'euros permettra de compenser les pertes de certains Ehpad pour 2018 et 2019.
Côté "soins", le plan propose d'accélérer la convergence sur cinq ans au lieu de sept, en apportant "143 millions d'euros supplémentaires" aux 217 millions déjà prévus sur cette période pour "favoriser des recrutements" dans les Ehpad.
Une somme à rapporter aux 7.573 Ehpad répartis sur le territoire, qui comptaient fin 2017 608.000 résidents et 400.000 employés.
Reste que la majorité des personnes vieillissent à leur domicile et près de 750.000 bénéficient d'un service d'aide et d'accompagnement chez elles.
Le plan prévoit d'accompagner financièrement une restructuration des services d'aide et d'accompagnement à domicile (Saad), pour les rendre plus "accessibles financièrement et géographiquement".
Il en appelle au développement d'habitats "alternatifs", par exemple intergénérationnels ou inclusifs (plusieurs personnes âgées vivant dans un même ensemble de logements avec une aide quasi-permanente).
Soins de santé, perte d'autonomie, hébergement... Le financement de la dépendance est estimé à près de 24 milliards d'euros annuels en dépenses publiques (État et départements).
D'ici 2050, la France comptera près de 5 millions de personnes de plus 85 ans, contre 1,5 aujourd'hui.
Instauration d'une deuxième journée de solidarité ? D'un cinquième risque de la Sécurité sociale ? Agnès Buzyn n'a pas tranché la question des politiques publiques du financement du vieillissement et dit vouloir "ouvrir le débat". Des propositions doivent être faites "début 2019".
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