L'opération a débuté dans le calme peu après 06H00 sur le campement du "Millénaire", situé porte de la Villette au nord-est de la capitale, où vivent près de 2.000 migrants, a constaté une journaliste de l'AFP.
Cette évacuation, la 35e organisée dans la capitale depuis trois ans, "conduira à l'hébergement temporaire des personnes concernées dans une vingtaine de sites de Paris et de la région parisienne puis à l'examen de la situation administrative de ces personnes", déclare dans un communiqué le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, dont le projet de loi durcissant l'asile et l'immigration en France doit être adopté pendant l'été.
Originaires essentiellement du Soudan, de Somalie et d'Erythrée, ces migrants étaient installés dans des conditions de très grande précarité dans des tentes serrées le long du canal de Saint-Denis, sous le périphérique parisien.
Dans l'attente de leur évacuation, tous les migrants sont sortis de leurs tentes et attendaient dans le calme, leur sac à la main. "On ne sait pas trop où on va. Ici c'était dur", déclare Issam un Libyen arrivé ici il y a sept mois, son sac pour tout bagage sur le dos.
Ibrahim, Soudanais, patientait avec ses camarades. "On attend, on attend tout le temps ici", se lamente-t-il. Il sait qu'il va partir mais ne sait pas trop pour où. "Certains trouvent que c'est bien ici, on ne sait pas si on pourra rester en France. Moi je veux rester en France, je sais que je peux faire ma vie ici, mais j'ai mes empreintes en Italie", explique-t-il. En vertu du règlement européen Dublin III, un demandeur d'asile doit en effet théoriquement être renvoyé dans le pays où il a laissé ses empreintes.
Beaucoup d'associatifs et de journalistes étaient présents lors de cette opération menée conjointement par la préfecture de région, la Ville de Paris, la préfecture de police et des associations.
Autres évacuations à venir
Vers 07H00, les premiers bus commençaient à se remplir. Les hommes, placés en ligne le long du canal, attendaient leur tour pour être acheminés vers une des 24 structures d'accueil, essentiellement des gymnases, mobilisés par les autorités en Ile-de-France pour accueillir les migrants évacués.
Sous le périphérique, des salariés des associations faisaient le tour des tentes pour exhorter les migrants à monter dans les bus. "Il fera chaud, il y aura à manger, des médecins, de la nourriture, vous pourrez rester le temps que vous voudrez", assurent-ils.
Ibrahim, un Tchadien, veut surtout savoir s'il pourra voir un médecin. "Je suis malade, le docteur m'a donné rendez vous dans deux mois, mais ça ne va pas" dit-il.
Les autorités ont également annoncé mercredi l'évacuation imminente des deux autres gros campements installés à Paris: le long du canal Saint-Martin ou vivent quelque 800 migrants (surtout des Afghans) et porte de la Chapelle (300 à 400 personnes).
"Les autres campements seront évacués des que possible et si possible la semaine prochaine", a assuré le préfet de la région Ile-de-France Michel Cadot, présent sur le "Millénaire".
"Si un dispositif calibré de préaccueil n'existe pas sur l'ensemble du territoire ce type de phénomène va recommencer", a toutefois prévenu Pierre Henry directeur général de l'ONG France terre d'asile, présent sur place.
Depuis plusieurs semaines, la gestion des migrants à Paris est au coeur d'une bataille politique entre l'exécutif et la maire PS de Paris Anne Hidalgo.
Le gouvernement a plusieurs fois reproché à la municipalité de ne pas avoir pris la "responsabilité politique" de demander une évacuation. De son côté, la mairie a rejeté la responsabilité sur le gouvernement en l'appelant à respecter ses "obligations légales" dans l'accueil des réfugiés.
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