Trois soldats israéliens ont été blessés par les tirs, un modérément et deux légèrement, et ont été évacués, a dit l'armée. Aucune victime n'a été rapportée côté palestinien dans ce nouvel accès de tensions après des semaines de violences le long de la frontière entre Israël et la bande de Gaza.
Celui-ci fait resurgir le spectre d'un nouveau conflit dans l'enclave coincée entre Israël, l'Egypte et la Méditerranée, qui a connu depuis 2008 trois guerres entre Israël d'une part, le mouvement islamiste Hamas et ses alliés, dont le Jihad islamique, de l'autre.
Les Etats-Unis, alliés d'Israël, ont dénoncé les tirs palestiniens "contre des installations civiles" et demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité qui doit se tenir mercredi selon la mission américaine à l'ONU.
La Russie a, elle, exprimé "sa profonde inquiétude" et appelé "les deux parties à briser le cercle vicieux de la confrontation destructrice".
Fait rare indicatif du sérieux de la situation, les bras armés du Hamas et du Jihad islamique ont publié un communiqué commun pour revendiquer la responsabilité des tirs contre Israël, réponse selon eux à des attaques israéliennes contre leurs positions à Gaza.
Ces "crimes ne peuvent en aucun cas être tolérés", écrivent-ils, en déclarant que "toutes les options sont ouvertes".
Le territoire israélien a essuyé pendant la journée son "plus important barrage de tirs d'obus de mortier et de roquettes" depuis 2014, a indiqué un porte-parole de l'armée, le lieutenant-colonel Jonathan Conricus.
Le système de défense anti-aérienne "Dôme de fer" a intercepté environ 25 projectiles, a-t-il précisé. En représailles, Israël a apporté "la réplique la plus importante depuis 2014", son aviation et son artillerie frappant plus de 35 positions dans l'enclave.
Selon un communiqué militaire, environ 70 roquettes et obus ont été tirés à partir de Gaza, dont certains "ont été identifiés comme de fabrication iranienne". Ennemi juré d'Israël, l'Iran soutient les mouvements palestiniens.
Menaces
L'armée a par ailleurs détruit un tunnel, le 10e depuis octobre 2017 selon elle, qui s'enfonçait à partir du sud de l'enclave en Egypte et, de là, revenait 900 mètres en territoire israélien.
La marine israélienne a en outre arraisonné au large de Gaza un bateau transportant une vingtaine de Palestiniens qui avaient pris la mer pour protester contre le blocus terrestre, aérien et maritime imposé depuis plus de 10 ans par Israël à l'enclave.
Les frappes israéliennes et les explosions ont résonné jusqu'en fin d'après-midi dans l'enclave palestinienne.
Côté israélien, l'escalade a ravivé chez les populations riveraines le souvenir des hostilités passées.
La cour d'un jardin d'enfants habituellement fréquenté par une trentaine de jeunes enfants a été atteinte par des obus peu avant l'ouverture, selon le lieutenant-colonel Conricus. Instruction a été donnée aux riverains de rester à moins de 15 secondes d'un abri.
En soirée, le ministre de la Sécurité intérieure, Guilad Erdan, a affirmé à la chaîne 2 de la télévision israélienne que "les dirigeants du Hamas et du Jihad islamique devraient craindre pour leur vie", ajoutant qu'il était temps selon lui "de reprendre la politique des assassinats ciblés".
Son collègue à la Défense, Avigdor Lieberman, a prévenu que "tout endroit d'où proviennent des tirs des organisations terroristes est une cible légitime pour l'aviation israélienne".
Israël et le Hamas observent depuis 2014 un cessez-le-feu tendu, régulièrement remis en cause par des accès de tensions.
Ni Israël ni le Hamas, affaibli et isolé, ne passaient jusqu'alors pour avoir intérêt à une escalade. Mais diplomates et experts soulignent combien l'enfermement de Gaza, la crise économique qui y sévit et l'absence d'horizon politique rendent la situation volatile.
"Mourir la tête haute"
La bande de Gaza est de nouveau en proie aux tensions depuis le 30 mars et le début d'une mobilisation appelée la "grande marche du retour", qui a donné lieu à des violences meurtrières le long de la frontière avec Israël.
Au moins 121 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis cette date, la majorité dans des violences le long de la barrière de sécurité israélienne.
Israël dit défendre ses frontières et accuse le Hamas de s'être servi de cette mobilisation pour couvrir des tentatives d'attaques.
Les organisateurs de la "marche du retour" ont mené mardi une opération en mer. Une flottille de dizaines de petits bateaux de pêche a pris le large pour dénoncer le blocus maritime.
Environ 20 personnes, des étudiants empêchés de sortir de Gaza et des blessés en attente de soins, ont pris place sur l'embarcation principale pavoisée de drapeaux palestiniens.
La flottille a approché les neuf milles nautiques du blocus, où attendaient les bâtiments israéliens. La principale embarcation a été arraisonnée et conduite au port israélien d'Ashdod près de Gaza. Les autres ont fait demi-tour.
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