Vers 02H00 du matin, les deux hommes, qui faisaient l'objet d'un mandat d'arrêt européen, ont été arrêtés dans la rue à Saint-Sébastien (nord de l'Espagne) par la police basque. Une arrestation fortuite qui met fin aux intenses recherches de la police française, dans un contexte de menace terroriste élevée.
"De retour en France, il sera mis en examen et placé en détention dans une autre maison d'arrêt, plus sécurisée", a indiqué mardi matin à l'AFP une source pénitentiaire.
Le 16 mai au matin, ce détenu écroué à la maison d'arrêt de Brest profite d'un transfert médical au moment de son arrivée au CHU de la ville pour prendre la fuite avec un complice à bord d'une voiture. Le conducteur, qui s'était rendu le lendemain de l'évasion, est mis en examen pour complicité d'évasion et écroué, déclarant avoir reçu une petite somme d'argent du détenu.
Le profil du détenu inquiète, d'autant plus que son évasion intervenait quatre jours après l'attentat jihadiste au couteau à Paris qui a fait un mort et cinq blessés. S'il n'a jamais été condamné pour des faits de terrorisme ou d'apologie, il est suivi au titre de la radicalisation islamiste en prison et a fait l'objet d'une fiche S ("sûreté de l'Etat").
Des téléphones portables avaient été retrouvés dans la cellule de cet homme "signalé en raison de sa conversion à l'islam, la pratique rigoriste de sa foi et un changement physique", avait indiqué une source proche du dossier. Cependant, il ne tenait pas de discours rigoriste, ni avant ni pendant sa détention.
16 évasions en 2017
Originaire de Landerneau, près de Brest, l'évadé a 23 mentions à son casier judiciaire, notamment pour des faits de vol, dégradation et outrage. En octobre 2014, il avait été condamné à deux mois de prison pour une évasion sous le régime du "placement à l'extérieur", une mesure d'aménagement de peine qui permet aux personnes condamnées d'exécuter leur peine en dehors de la prison.
Le Breton était en détention provisoire depuis le 13 novembre pour "vol par escalade dans un entrepôt" et sa détention devait se prolonger jusqu'en juillet, avait indiqué le parquet de Brest.
"L'établissement (de Brest, ndlr) n'est pas fait pour recevoir ce profil de détenus", avait assuré Thierry Labrot, du syndicat UFAP de Brest.
Dans la foulée de l'évasion, la ministre de la Justice Nicole Belloubet avait demandé "sans délai" à l'Administration pénitentiaire "toutes les précisions nécessaires pour juger des circonstances de cette évasion".
Cette évasion avait relancé le débat autour de la prise en charge de ces détenus radicalisés. Actuellement, plus de 1.200 personnes écrouées pour des faits de droit commun sont radicalisées, tandis que plus de 500 sont en prison pour terrorisme.
Le secrétaire général du Grand ouest de la CGT pénitentiaire, Samuel Gauthier, avait déploré que les agents chargés du transfert du détenu n'aient pas été armés. L'escorte "était composée de trois personnes, ce qui correspond à un niveau de sécurité important", avait rétorqué la Chancellerie.
"Les détenus savent que, dès lors qu'ils partent en extraction médicale, le niveau de sécurité n'est pas le même", avait affirmé Samuel Gauthier, expliquant que, depuis que la charge des transferts de prisonniers est passée des forces de l'ordre à l'Administration pénitentiaire, "les agents n'étaient plus armés".
Selon la Chancellerie, un nouveau dispositif "doit permettre de renforcer l'efficacité des extractions médicales en renforçant notamment la formation et l'équipement des agents".
En 2017, l'Administration pénitentiaire a dénombré 16 évasions dont trois lors de transferts médicaux. Depuis le début de l'année, six évasions ont eu lieu, dont quatre lors des extractions médicales et judiciaires.
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