"Nous avons tout intérêt, pour notre sécurité, à travailler à la stabilité de la Libye. C'est pour ça que je réunis autour de la table tous les acteurs concernés aujourd'hui à l'Elysée", a tweeté M. Macron à leur arrivée au palais présidentiel.
Le Premier ministre du gouvernement d'union nationale Fayez al-Sarraj et son rival le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'Est du pays, se retrouvent une nouvelle fois à l'initiative du président français et sous l'égide de l'ONU, dix mois après la rencontre de La Celle-Saint-Cloud près de Paris le 25 juillet 2017.
Ils sont rejoints cette fois par le président de la Chambre des représentants, Aguila Salah, basé à Tobrouk (est) et qui ne reconnaît pas le gouvernement de Tripoli, ainsi que par celui du Conseil d'Etat, équivalent d'une chambre haute à Tripoli, Khaled al-Mechri.
"La période que nous traversons (...) impose des décisions", a souligné Emmanuel Macron en accueillant M. Sarraj. Il a insisté sur "la volonté de réconcilier en laissant les peuples souverains s'exprimer".
Jusqu'à présent, tous les efforts engagés ont échoué à stabiliser ce pays d'Afrique du nord depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi à la suite des Printemps arabes et de l'intervention occidentale lancée en mars 2011.
La présidence française, très impliquée dans la recherche d'une solution à la crise depuis l'élection d'Emmanuel Macron en mai 2017, espère la signature d'un accord politique par les quatre participants en vue d'élections présidentielles et parlementaires "d'ici la fin de l'année".
réalité "complexe"
La feuille de route qui doit être validée prévoit aussi l'unification des forces armées et de sécurité, aujourd'hui constituées d'une myriade de milices, ainsi que l'instauration d'une seule banque centrale et d'un seul Parlement.
Ces engagements vont être pris devant 20 pays, membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, voisins de la Libye, pays européens, du Maghreb et du Golfe, tous impliqués dans la crise libyenne ou concernés par ses enjeux, notamment sécuritaires et migratoires.
Les présidents tchadien Idriss Déby, nigérien Mahamadou Issoufou, tunisien Béji Caid Essebsi et congolais Denis Sassou Nguesso, représentant de l'Union africaine sur la Libye, ainsi que le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia, sont notamment conviés à la conférence.
Forces en présence, "parrains" étrangers, puissances régionales et internationales, "chacun sera ainsi mis face à ses responsabilités", souligne l'Elysée.
Le pari s'annonce compliqué au vu des divisions sur le terrain et des rivalités entre acteurs régionaux, notamment européens, selon les experts consultés par l'AFP.
"Sur le papier, la conférence de Paris est une nouvelle victoire pour la France qui montre, au moins au plan diplomatique, qu'elle mène le jeu dans l'affaire libyenne", constate Federica Saini Fasanotti de l'institut Brookings à Washington.
"Mais la réalité est infiniment plus complexe", ajoute-t-elle, pointant le rôle des milices qui fleurissent sur le chaos ambiant et l'aversion des Libyens pour ce qu'ils assimilent à des ingérences étrangères.
Des divisions
Les principaux acteurs politiques et militaires de la ville de Misrata - qui compte les groupes armés les plus puissants et influents dans l'ouest libyen - boycottent la réunion de Paris, après avoir exigé d'être traités d'égal à égal avec les quatre délégations, selon des sources politiques libyennes.
"Beaucoup dans l'ouest de la Libye voient l'initiative française comme une tentative de renforcer la position de Khalifa Haftar et d'en faire un acteur incontournable", relève Mohamed Eljrah, de la société de conseil Libya Outlook.
Un certain nombre d'acteurs réclament en outre la tenue d'un référendum constitutionnel définissant les pouvoirs du futur président - fonction qui n'existe pas aujourd'hui en Libye - avant tout scrutin présidentiel.
Comme en juillet 2017, l'Italie, ancienne puissance coloniale et première terre d'accueil des vagues de migrants d'origine subsaharienne arrivant de Libye, semble peu goûter ce qu'elle assimile à un cavalier seul de Paris.
"C'est comme si Macron avait voulu profiter de ce moment d'absence politique italienne sur les dossiers libyens", en raison de la crise politique à Rome, écrivait le quotidien La Repubblica le 24 mai, citant des sources diplomatiques italiennes.
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