La ville de Hodeida, située à l'ouest du Yémen, sur la mer Rouge, est le principal point d'entrée des importations et de l'aide humanitaire dans ce pays pauvre, en guerre depuis plus de trois ans.
"Il ne reste plus que 20 kilomètres environ jusqu'à Hodeida et les opérations continuent", a indiqué lundi soir à Ryad le colonel Turki al-Maliki, porte-parole de la coalition sous commandement saoudien qui combat les rebelles Houthis, soutenus par l'Iran.
L'officier saoudien a fait état d'un "effondrement" chez les Houthis avec des "fuites de commandants".
L'ONU craint de voir cette opération militaire affecter l'acheminement de l'aide humanitaire, dont 70% arrive au Yémen par le port de Hodeida, alors même que certaines régions du pays sont au bord de la famine.
Mais la coalition menée par Ryad explique qu'elle entend couper la principale voie d'approvisionnement des rebelles: selon elle, ce port de la côte occidentale est à la fois un point de départ pour des attaques rebelles contre des navires en mer Rouge et le lieu par lequel l'Iran livrerait des armes, notamment des missiles, aux Houthis. Ce que Téhéran dément.
Signe de la pression actuelle sur les Houthis, le "gouverneur" de la capitale Sanaa, également contrôlée par les rebelles, a appelé à la "mobilisation générale" pour défendre le front ouest.
Lors d'une cérémonie lundi soir en hommage à un chef rebelle tué lors d'une frappe aérienne saoudienne en avril, Hamoud Obad a demandé "davantage d'efforts", avec des hommes et des équipements, pour "défendre tous les fronts, en particulier celui de l'ouest". Il a souligné "la nécessité de remplir les responsabilités religieuses et patriotiques".
Le port de Hodeida est situé à moins de 230 km de Sanaa.
En novembre 2017, après le tir d'un missile balistique rebelle vers la capitale saoudienne Ryad, la coalition avait instauré un blocus total de Hodeida. Depuis, celui-ci a été assoupli sous la pression internationale, mais la coalition s'est fixée comme objectif de conquérir la ville portuaire.
La coalition affirme que ses forces avancent en direction de Hodeida, mais qu'elles sont retardées par d'innombrables mines posées par les rebelles.
Forces hétéroclites
Pour Gerald Feierstein, ancien ambassadeur américain au Yémen et directeur au Middle East Institute, "la vraie question n'est pas de savoir si les membres de la coalition peuvent prendre Hodeida. C'est ce qu'ils veulent faire après".
"Est-ce qu'ils vont (...) permettre à l'aide humanitaire d'entrer sans entrave? Est-ce qu'ils vont s'appuyer sur leur victoire militaire pour obtenir des pourparlers politiques? Si ce n'est pas le cas, ce ne sera pas positif", a-t-il tweeté.
L'offensive sur Hodeida, pilotée par les Émirats arabes unis, réunit plusieurs forces hétéroclites. Les "Brigades des Géants" sont une ancienne unité d'élite de l'armée yéménite remise sur pied par les Émirats et renforcée par des milliers de combattants du sud du Yémen.
La "Résistance nationale" réunit des partisans de l'ex-président yéménite Ali Abdallah Saleh --assassiné en décembre par ses anciens alliés houthis--, sous le commandement de Tarek Saleh, neveu de l'ancien chef d'État.
La troisième force, appelée la "Résistance de Tihama", est formée de militaires restés fidèles au président Hadi.
Avec la bataille de Hodeida, "le conflit entre dans une nouvelle phase, mais probablement pas la dernière", analyse Peter Salisbury du centre de réflexion britannique Chatham House.
"Pour moi, la question est de savoir combien de temps la bataille pour Hodeida va durer et quels seront les dégâts pour le principal port du pays", a-t-il expliqué sur Twitter.
"Si les combats se prolongent pendant des semaines ou des mois et sont très destructeurs (...), ce sera très mauvais pour la population yéménite".
La coalition sous commandement saoudien intervient militairement au Yémen depuis 2015 pour restaurer le gouvernement internationalement reconnu qui a été chassé de la capitale Sanaa et de vastes régions du pays.
Le front du sud-ouest est actuellement le plus actif du Yémen où la guerre a fait, depuis 2015, près de 10.000 morts et plus de 55.000 blessés, provoquant aussi, selon les Nations unies, la "pire crise humanitaire du monde".
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