"Notre équipe américaine est arrivée en Corée du Nord pour les préparatifs du sommet entre Kim Jong Un et moi-même", a écrit le président américain sur Twitter dimanche, confirmant le dernier rebondissement en date d'une saga diplomatique rocambolesque avec pourtant un objectif crucial en ligne de mire: la dénucléarisation d'une péninsule coréenne où Nord et Sud sont techniquement toujours en guerre, 65 ans après la fin du conflit.
"J'estime véritablement que la Corée du Nord à un brillant potentiel et sera une grande nation économique et financière un jour. Kim Jong Un est d'accord avec moi là-dessus. Cela arrivera!", a-t-il conclu, sans préciser s'il faisait référence au fameux sommet ou à un avenir prospère pour la Corée du Nord.
Plus tôt dimanche, le département d'État américain avait annoncé qu'une délégation américaine s'entretenait "actuellement avec des responsables nord-coréens à Panmunjon", village de la Zone démilitarisée (DMZ) qui divise les deux Corées.
"Nous continuons à préparer une rencontre entre le président et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un", a précisé la porte-parole de la diplomatie américaine, Heather Nauert, dans un communiqué.
"Propos stupides"
Après plusieurs jours de turbulences et acrobaties diplomatiques, Donald Trump affiche son optimisme quant au maintien de cette rencontre prévue le 12 juin à Singapour, dont il avait pourtant lui-même annoncé l'annulation jeudi.
Selon le Washington Post, qui cite une source proche de l'organisation des discussions entre délégations, les réunions devraient se poursuivre jusqu'à mardi.
La délégation américaine est menée par un ancien ambassadeur américain en Corée du Sud, Sung Kim, selon le journal. Elle comprend également Allison Hooker, spécialiste de la Corée au Conseil national de sécurité de l'administration Trump, ainsi qu'un représentant du Pentagone que le Washington Post n'a pas identifié.
Désormais ambassadeur aux Philippines mais mandaté par Washington pour conduire ces préparatifs, Sung Kim a "traversé la ligne séparant les deux Corées pour rencontrer" la vice-ministre nord-coréenne des Affaires étrangères, Cheo Son Hui, qui avait qualifié jeudi des propos du vice-président américain Mike Pence de "stupides" et menacé d'annuler le sommet quelques heures avant que Donald Trump ne s'en charge.
L'Américain Sung Kim et Cheo Son Hui "se connaissent bien, tous deux faisaient partie des délégations" de leurs pays lors de précédentes négociations dans les années 2000, explique le Washington Post.
Crucial en pleines négociations avec Pyongyang, le poste d'ambassadeur américain à Séoul est vacant depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump en janvier 2017. Le président américain a finalement nommé récemment son candidat: l'amiral Harry Harris, chef du commandement militaire américain pour le Pacifique (Pacom), qui doit encore être confirmé par le Sénat.
"Détermination"
Samedi, le président sud-coréen Moon Jae-in et le dirigeant nord-coréen avaient à leur tour créé la surprise en se rencontrant dans le village de Panmunjon.
"Kim Jong Un a remercié Moon Jae-in pour les grands efforts qu'il a faits en vue (de l'organisation) du sommet" entre la Corée du Nord et les États-Unis, et a "exprimé sa détermination" à tenir ce sommet "historique", selon l'agence officielle de presse nord-coréenne KCNA. Les dirigeants des deux Corées ont déclaré qu'ils étaient prêts à se revoir "fréquemment".
L'annulation soudaine du sommet Trump-Kim --le jour même où Pyongyang déclarait avoir "complètement" démantelé son seul site connu d'essais nucléaires-- avait placé en porte-à-faux la Corée du Sud, qui a joué un rôle central dans la remarquable détente de ces derniers mois entre Pyongyang et Washington.
Même si le sommet devait finalement avoir lieu, Washington exige une "dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible" de Pyongyang avant tout allégement des lourdes sanctions internationales qui pèsent sur la Corée du Nord en représailles de ses programmes d'armements balistique et nucléaire.
Le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, avait déjà fait miroiter mi-mai l'arrivée de nombreuses entreprises américaines en Corée du Nord si celle-ci renonçait à son arsenal nucléaire. Mais Pyongyang n'a jusqu'ici jamais accepté de payer ce prix, le considérant comme un ultime rempart pour garantir la survie du régime.
Depuis ces déclarations, des propos du conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, John Bolton, et de Mike Pence faisant allusion à un scénario "à la libyenne" pour la Corée du Nord avaient indigné Pyongyang et fait dérailler les préparatifs de la rencontre Trump-Kim qui semble désormais en bonne voie d'être confirmée.
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