M. Conte a quitté son domicile romain vers 16H30 (14H30 GMT) pour se rendre à la Chambre des députés en vue d'ultimes tractations avant de boucler la liste de ce gouvernement attendu depuis près de trois mois par les Italiens, ou confirmer l'impasse politique dans laquelle est plongé le pays depuis quatre jours. Il n'aurait dans ce cas d'autre choix que de jeter l'éponge et renoncer à diriger le 65ème gouvernement italien depuis 1946.
On ignorait en milieu d'après-midi la composition de ce gouvernement, dont la formation a jusqu'à présent été rendue impossible en raison d'un blocage sur le nom du futur ministre des Finances.
Les vainqueurs des législatives du 4 mars, la Ligue (extrème-droite) de Matteo Salvini, 45 ans, et le Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) de Luigi Di Maio, 31 ans, souhaitent la nomination de Paolo Savona, 81 ans, un économiste eurosceptique, ce à quoi le président Mattarella s'est jusqu'à présent refusé.
"Je crois que le professeur Conte est arrivé tout près d'une conclusion et que ce soir (dimanche), on pourra boucler l'équipe de gouvernement", a néanmoins affirmé dimanche devant la presse le chef du groupe M5S au Sénat Danilo Toninelli.
Il est donc possible qu'un compromis ait été trouvé, permettant au pays de sortir enfin de l'impasse politique dans lequel il est plongé depuis mercredi.
'Une Europe différente'
Paolo Savona a apporté sa contribution en rendant public un communiqué dimanche dans lequel il affirme son credo dans une "Europe différente, plus forte mais plus juste". Mais, concernant la monnaie unique, il renvoie à ses écrits, en particulier ceux contenus dans son dernier livre, non encore paru, dans lequel il exprime des positions très critiques sur l'euro, comparé à une "prison allemande".
Le refus du chef de l'Etat italien a scandalisé Matteo Salvini. Et dimanche, il ne semblait pas prêt à céder, quitte à "tout faire sauter" et à retourner devant les électeurs, fort de son ascension dans les sondages. "Moi jusqu'à la fin, je ne me rends pas! ", a-t-il lancé sur Twittetr, son mode de communication préférée avec Facebook.
"Soit le gouvernement commence à travailler dans les prochaines heures, soit il vaut mieux retourner voter et prendre la majorité absolue", avait-t-il lancé samedi soir, devant ses partisans près de Bergame (nord). Et sur ce point, il est soutenu par M. Di Maio. "Nous avons déjà perdu trop de temps, ou on boucle dans les 24 heures (...) ou on laisse tomber", avait-t-il déclaré samedi soir lors d'un meeting de son mouvement à Terni (centre).
Cette détermination fera-t-elle plier le chef de l'Etat? Rien n'est moins sûr pour ce gardien sourcilleux de la Constitution pour qui il en va de la défense des prérogatives du président. Le chef de l'Etat en Italie nomme en effet les ministres sur proposition du chef du gouvernement désigné, et non selon les "diktats" des partis politiques, avait-il rappelé jeudi.
Armes aux populistes
Déjà peu convaincu de l'autorité de M. Conte face aux poids lourds politiques qui composeront son équipe, M. Mattarella, garant du respect des traités internationaux, tient aussi à ce que l'Italie respecte ses engagements européens.
Au risque de donner des armes aux populistes, qui dénoncent déjà le complot des élites pour les empêcher de gouverner. "Restez à nos côtés, nous avons des gens contre nous dans les étages supérieurs mais tellement d'autres qui nous soutiennent", a ainsi averti M. Di Maio devant ses partisans.
Faute de compromis et si M. Mattarella devait confirmer son refus, alors M. Conte serait contraint de jeter l'éponge.
Le président désignerait alors un nouveau président du Conseil mais, cette fois, sans chercher l'aval des vainqueurs des législatives du 4 mars, pour former un "gouvernement du président". En d'autres termes, un gouvernement technique qui, en tout état de cause, n'obtiendrait pas la majorité au Parlement, où dominent le M5S et la Ligue. Cet exécutif serait alors chargé de gérer les affaires courantes jusqu'à des élections, probablement à l'automne.
Pas de quoi rassurer les marchés financiers qui se sont montrés déjà nerveux la semaine dernière. Vendredi, la Bourse de Milan avait terminé une nouvelle fois en baisse, à -1,54%. Quant au spread, l'écart entre les taux d'emprunt à dix ans allemand et italien, il avait atteint dans l'après-midi 217 points, son plus haut depuis décembre 2013, avant de clôturer à 206 points.
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