Par crainte de dérapages violents, quelque 2.000 agents des forces de l'ordre -y compris des renforts venus d'autres régions- ont été réquisitionnés.
Bruyant à la chambre des députés où il a fait une entrée fracassante aux législatives du 24 septembre (près de 13%), le parti d'extrême droite AfD, l'Alternative pour l'Allemagne, dit désormais vouloir mobiliser dans la rue contre la chancelière Angela Merkel, sa bête noire, accusée d'avoir mis le pays en danger en accueillant des centaines de milliers de demandeurs d'asile.
"Nous voulons montrer à tous que comme des millions d'Allemands dans le pays, nous sommes inquiets concernant +l'avenir de l'Allemagne+", thème de la manifestation d'extrême droite, avait expliqué le chef à Berlin de cette formation anti-islam et anti-élite, Georg Pazderski, lors d'une conférence dans la semaine.
La marche doit partir vers 10h00 GMT de la place de la gare centrale jusqu'à l'emblématique Porte de Brandebourg, où plusieurs ténors du parti- dont ses deux présidents, Alexander Gauland et Jörg Meuthen- doivent prendre la parole.
Faire du bruit
Après avoir annoncé 10.000 participants à la police, la direction du parti a revu ses ambitions, disant compter sur 2.500 à 5.000 manifestants. Beaucoup n'osent pas afficher publiquement leur affinité, craignant des représailles dans leur entourage ou au travail, affirme l'AfD pour expliquer cette mobilisation attendue revue à la baisse.
Les contre-manifestants de tous bords, qui s'agitent depuis des jours sur les réseaux sociaux, devraient être nettement plus nombreux, plus de 10.000 personnes prédit même la police.
"Nous n'allons pas laisser la rue aux sympathisants de l'AfD", a lancé Nora Berneis de l'alliance "Stop à la haine, stop à l'AfD" composée de partis politiques, syndicats, associations d'étudiants ou de défense des réfugiés.
Pour la plupart, il s'agit d'empêcher pacifiquement l'AfD de faire entendre son message. Une centaine de clubs techno de la ville ont ainsi prévu une sorte de rave autour du défilé. Les DJ déverseront leurs décibels depuis des bateaux sur la rivière Spree ou des camionnettes placées dans les rues adjacentes.
Plus inquiétant pour la police, des militants d'extrême gauche Antifa ont menacé de "saboter" la manifestation, n'excluant pas l'usage de la violence.
Andreas Kalbitz, un cadre de l'AfD, a aussi pointé du doigt "l'existence d'une mouvance (d'extrême gauche) prête à la violence". Selon lui, "chaque personne qui sera à notre manifestation sait bien que ça ne sera pas une balade tranquille".
Signe des tensions qui couvent, la député écologiste et ancienne ministre Renate Künast a reçu un déluge de commentaires haineux -allant jusqu'à des menaces de viol- après avoir posté une vidéo sur internet appelant à la mobilisation contre l'extrême droite.
'Rien ne se passe'
Fondée en 2013, l'AfD est devenu la troisième force politique d'Allemagne en se nourrissant des craintes liées à l'arrivée de plus d'un million de migrants depuis 2015.
La formation compte désormais plus de 90 députés et est le premier parti d'opposition du fait de l'alliance gouvernementale conclue dans la douleur entre les conservateurs d'Angela Merkel et les sociaux-démocrates.
Depuis leur arrivée, le débat est devenu plus cru dans l'hémicycle. La co-présidente du groupe parlementaire AfD, Alice Weidel, a récemment choqué en dénonçant les femmes en "burqas, filles voilées, hommes armés de couteaux et autres bons à rien" qui menacent selon elle la prospérité allemande.
Si la politique migratoire du gouvernement s'est nettement durcie ces deux dernières années, l'AfD continue de progresser dans les sondages et talonne le SPD, signe d'un rejet plus profond de la classe dirigeante dans un pays certes en pleine croissance mais où les inégalités sociales n'ont cessé de croître.
Les électeurs de l'AfD ont le sentiment qu'avec le quatrième gouvernement Merkel, comme avec les précédents, "rien ne se passe" pour eux, avait estimé mercredi Andreas Kalbitz. Cela "se verra lors des prochaines élections", a-t-il prévenu.
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