"Je vais dédier toute la journée de demain à élaborer une proposition de gouvernement à soumettre au président de la République, les ministres que je proposerai seront des politiques", a-t-il assuré jeudi soir, après avoir rencontré des élus de tous les partis représentés au Parlement.
Mais c'est surtout avec le Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) et la Ligue (extrême droite) que ce juriste de 53 ans, totalement inconnu en Italie il y a encore quelques jours, négocie la composition du 65e gouvernement italien depuis 1946.
Ces deux forces politiques, majoritaires au Parlement après les législatives du 4 mars, ont suggéré le nom de ce très discret professeur de droit parce que chacun refusait qu'un poids-lourd de l'autre camp dirige le gouvernement.
Selon les médias, Matteo Salvini, patron de la Ligue, devrait devenir ministre de l'Intérieur, tandis que Luigi Di Maio, chef de file du M5S, prendrait la tête d'un grand ministère du Développement économique et du Travail.
Mais le nom qui pose le plus de problèmes est celui sur lequel la Ligue insiste pour le portefeuille stratégique des Finances: Paolo Savona, un ancien ministre de 81 ans, vieux routier des milieux financiers aux positions critiques sur l'évolution de l'UE et sur l'euro.
M. Salvini défend bec et ongles le choix de cette "personnalité éminente, reconnue, appréciée", au point d'avoir provoqué la colère du président Sergio Mattarella: "pas de veto mais pas de diktat", a fait valoir le chef de l'Etat selon la presse, en rappelant que lui et M. Conte étaient les seuls habilités à choisir les ministres.
Respect des engagements
Déjà peu convaincu de l'autorité de M. Conte face aux poids-lourds politiques qui composeront son équipe, M. Mattarella, garant du respect des traités internationaux et élu par un Parlement alors dominé par le centre gauche, tient à ce que l'Italie respecte ses engagements européens.
M. Salvini a pris acte. "Laissons à (Giuseppe) Conte l'honneur de proposer à qui de droit les noms" des ministres, a-t-il assuré jeudi soir, ajoutant qu'il se contenterait d'offrir "humblement" quelques conseils.
Une rencontre entre MM. Salvini, Di Maio et Conte est prévue vendredi, selon le patron de la Ligue.
Le suspense sur le nom du futur ministre des Finances de la troisième économie de la zone euro continuait vendredi à inquiéter Européens et marchés financiers.
Le spread, l'écart très regardé en Italie entre les taux d'emprunt italien et allemand à dix ans, a franchi vendredi la barre des 200 points avant de se replier légèrement.
Le vice-président de la Commission européenne, Valdis Dombrovskis, a émis vendredi une nouvelle mise en garde à l'attention de l'Italie.
"Le message de la Commission européenne est très clair: il est important que l'Italie continue à maintenir des politiques fiscales et macro-économiques responsables", a-t-il déclaré, en arrivant à une réunion des 28 ministres des Finances de l'UE à Bruxelles.
Le ministre des Finances sortant, Pier Carlo Padoan, a lui aussi rappelé les enjeux: "Sur le choix de mon successeur il y aura un signal, car derrière le nom il y a toujours des idées", a-t-il jugé dans un entretien avec le quotidien Il Sole 24 Ore.
Après avoir martelé ces dernières semaines que les Italiens ne seraient "plus jamais les larbins de personne", M. Salvini a voulu rassurer jeudi soir: "Nous sommes sûrs qu'une fois que l'on passera des paroles aux actes, tous ceux qui auront eu quelque préoccupation seront rassurés, car notre objectif est de faire croître l'Italie", a-t-il affirmé.
Vendredi matin, M. Conte a débuté sa journée avec un entretien avec le gouverneur de la Banque d'Italie, Ignazio Visco, après avoir reçu jeudi soir des représentant d'épargnants victimes de la faillite de leur banque.
"Qui a été victime d'escroqueries ou de fraudes sera indemnisé", leur a-t-il promis.
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