Après la prestation de serment devant l'Assemblée constituante, uniquement composée de ses partisans, M. Maduro s'est rendu au ministère de la Défense, où il a reçu de l'armée, son soutien le plus crucial, une "réaffirmation de loyauté".
Pendant cette deuxième cérémonie, Nicolas Maduro a annoncé l'arrestation d'un groupe de militaires accusés de "conspiration".
Ces soldats, dont on ne connait ni le rang ni le nombre, auraient mené une conspiration sous les ordres des Etats-Unis et de la Colombie afin que "les élections (de dimanche) soient suspendues", a affirmé le chef de l'Etat socialiste.
Selon M. Maduro, les suspects ont avoué "s'être vendus à des traîtres qui depuis la Colombie les ont payés en dollars pour qu'ils trahissent l'honneur, la morale et la loyauté de nos forces armées".
Si le président de 55 ans, au pouvoir depuis 2013, a prêté serment ce jeudi, il ne commencera son second mandat de six ans que le 10 janvier.
"Je jure devant ce pouvoir de l'Assemblée constituante toute-puissante, devant la Constitution (...), devant le peuple du Venezuela, de respecter et faire respecter la Constitution et mener tous les changements révolutionnaires", a déclaré le président.
M. Maduro a assuré que ces "changements" mèneraient le Venezuela à "la paix, la prospérité et au bonheur".
Le pays pétrolier, autrefois le plus riche d'Amérique latine, est plongé dans une crise économique historique, se débattant entre hyperinflation (attendue à 13.800% cette année par le FMI) et graves pénuries d'aliments et de médicaments.
Malgré ce paysage de désolation et la forte impopularité qui en découle, Nicolas Maduro a été réélu dimanche, avec 68% des voix contre 21,2% pour son principal adversaire, Henri Falcon.
Le scrutin, boycotté par l'opposition qui y voyait une "supercherie", a immédiatement été dénoncé par une grande partie de la communauté internationale, dont le groupe de Lima, alliance de 14 pays du continent américain, qui ont retiré dès lundi leurs ambassadeurs à Caracas.
La prestation de serment de jeudi "est un autre chapitre de la farce avec laquelle on a tenté de retirer aux Vénézuéliens leur droit d'élire un nouveau président", a dénoncé jeudi la coalition d'opposition, la Plateforme de l'unité démocratique (MUD), dans un communiqué.
L'Union européenne a critiqué des irrégularités et le ton est vite monté avec les États-Unis, cible traditionnelle du gouvernement chaviste: M. Maduro a ordonné l'expulsion des deux plus hauts représentants diplomatiques américains dans son pays.
Washington a répliqué en ordonnant mercredi l'expulsion de deux diplomates vénézuéliens sous 48 heures.
"Besoin de légitimité"
Malgré la tempête diplomatique, Nicolas Maduro a prêté serment devant Delcy Rodriguez, présidente de l'Assemblée constituante, qui avait avancé l'élection présidentielle de décembre à mai.
"Le président avance la prestation de serment car il ne veut pas laisser de vide d'ici janvier", expliquait l'analyste Luis Vicente Leon. "Il a besoin de se donner une légitimité dans ce processus, même s'il s'agit de la légitimité chaviste".
Le chef de l'État ne peut en effet se prévaloir de la légitimité des urnes alors que le scrutin a été marqué par une abstention de 54%, son record depuis les débuts de la démocratie dans le pays en 1958.
"Vous jurez de renforcer le caractère anti-impérialiste et anti-oligarchique de la révolution bolivarienne et le caractère socialiste de ce processus en profondeur de transformation", a demandé Mme Rodriguez au chef de l'État, qui a réitéré sa loyauté à son défunt mentor, Hugo Chavez (1999-2013).
Elle a précisé qu'une cérémonie d'investiture aurait lieu à la date prévue initialement, le 10 janvier, pour donner le coup d'envoi du second mandat, qui s'achèvera en 2025.
La Constitution prévoit pourtant que le président élu soit investi par le Parlement, unique institution contrôlée par l'opposition. Mais celle-ci est privée depuis quelques mois de l'essentiel de ses prérogatives par la Constituante.
"Il faut une rectification en profondeur, il faut refaire les choses en mieux. Nous ne faisons pas bien les choses et nous devons changer ce pays", a reconnu dans son discours le président Maduro.
Mais de nombreux experts prédisent une aggravation de la crise sociale et économique du Venezuela, de plus en plus isolé sur la scène diplomatique et menacé d'un embargo pétrolier par les États-Unis, qui lui achètent un tiers de son brut.
Le pays est déjà classé en défaut de paiement partiel par les agences de notation.
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