Les évacuations de migrants par les autorités sont relativement fréquentes dans cette ville jouxtant Dunkerque: en septembre dernier plus de 500 personnes avaient déjà fait l'objet d'un transfert vers des installations dédiées. Ce qui n'a pas empêché de nouveaux afflux, principalement de Kurdes irakiens.
"Ce jour, les 420 +chercheurs de refuges+ que nous hébergions dans un gymnase depuis le 12/12 ont été mis à l'abri dans des centres d'accueil de la région (...). Depuis le 3 octobre, nous avons accueilli et orienté plus de 2.500 +chercheurs de refuge+ à Grande-Synthe", a réagi jeudi soir sur twitter le maire écologiste Damien Carême.
Jeudi dès 07H00, plusieurs cars sont partis, avec à bord des dizaines de migrants, pour six Centres d'accueil et d'orientation (CAO) ou d'accueil et d'examen des situations (CAES) dans les départements du Nord, du Pas-de-Calais et de l'Oise.
Les familles (236 personnes) et les mineurs (42) non accompagnés ont été les premiers concernés par cette "opération humanitaire de mise à l'abri", selon les termes de la préfecture.
Des CRS et des membres de l'Ofii (office français de l'immigration et de l'intégration) étaient aussi sur place, a constaté l'AFP, pour encadrer cette évacuation qui s'est terminée vers 12H30.
"Il y avait environ 400 personnes migrantes, 300 dans le gymnase et une petite centaine à l'extérieur. Ces personnes sont toutes orientées vers des centres d'accueil et d'hébergement, dans les Hauts-de-France pour l'essentiel d'entre elles", a expliqué le sous-préfet de Dunkerque, Éric Étienne.
"La ville, légitimement, veut reprendre son gymnase et le rendre à la population. Nous avons les places pour les héberger, elle ont été prévenues et elles étaient volontaires jusqu'à maintenant", a-t-il ajouté.
- Gymnase ouvert par la mairie -
Ce gymnase communal avait été ouvert aux migrants le 12 décembre par la mairie, un répit dans leur quête pour rejoindre l'Angleterre. Une convention entre l'État et la mairie avait été signée jusqu'au 31 mars, puis a été prolongée.
Selon M. Étienne, l'utilisation de cette salle ne se justifie plus vu les températures désormais "clémentes". Couvertures, matelas, chauffage, douches, toilettes, distribution de nourriture: le site accueillait plusieurs centaines de migrants jour et nuit.
"Aucune information n'a été délivrée auprès des exilés", a cependant regretté Magalie de Lambert, coordinatrice d'accès aux droits à Grande-Synthe pour la Cimade, une association d'aide aux migrants interrogée par la presse sur place.
La cinquantaine de migrants vivant dans le bois du Puythouck, à quelques kilomètres du gymnase devaient aussi se voir proposer des places dans les CAO et CAES, selon la préfecture. En fin de matinée, le bois semblait vide, selon des journalistes de l'AFP.
"Très clairement, les instructions sont: pas de camp sur le littoral. Ces camps, d'abord, font un appel d'air, se transforment en bidonville et après les gens vivent dans des conditions indignes", a justifié Éric Étienne, rappelant les récentes opérations contre des passeurs à proximité.
Ceux-ci sont très actifs sur ce secteur et l'un d'entre eux a d'ailleurs été interpellé le 15 mai dans des conditions difficiles, la police ayant dû ouvrir le feu. C'est aussi de Grande-Synthe qu'est partie la famille de la fillette de deux ans tuée par la balle d'un policier belge lors d'une course-poursuite en Belgique le 17 mai, ce qui avait provoqué des remous localement.
Grande-Synthe, 22.000 habitants, avait été touchée par l'arrivée de migrants à l'été 2015 dans le sillage de la création de la "Jungle" de Calais.
Début 2016, Damien Carême avait ouvert, contre l'avis de l'État, un camp de petits chalets en bois qui avait été détruit par un incendie en avril 2017.
En septembre 2017, une précédente évacuation de 557 personnes vivant majoritairement dans le bois du Puythouck avait eu lieu. Ils avaient été aussi acheminés vers des CAO.
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