La plainte, la première de ce type au niveau européen selon ses promoteurs, été déposée mercredi devant la Cour européenne de Justice, par des familles de l'UE, kenyane et fidjienne, a précisé à l'AFP le Réseau Action Climat (RAC), qui réunit des ONG de toute l'Europe et porte cette affaire baptisée "People's climate case".
"Il n'y a plus de printemps ni d'automne; après l'été, on entre directement en hiver (...) Avec mon troupeau, je dois monter à une altitude de plus en plus élevée" pour le nourrir, a raconté à l'AFP Petru Vlad, 50 ans, qui avec sa famille emmène chaque printemps ses moutons et ses vaches dans la montagne roumaine.
"Notre production de lavande a été impactée très fortement, notamment ces 15 dernières années, au point de compromettre la vie même de l'exploitation", relate de son côté Maurice Feschet, 72 ans, dont le fils a repris la ferme familiale dans le sud de la France.
Le paysan retraité français et le berger roumain font partie de la trentaine de personnes associées à cette plainte, qui a fait l'objet d'une communication coordonnée dans toute l'Europe jeudi.
"Ce sont des familles qui vivent près des côtes, des familles qui ont des forêts, des familles qui vivent dans la montagne et voient les glaciers fondre", a expliqué à l'AFP leur avocate Roda Verheyen, précisant que cela pourrait prendre des mois avant que la Cour décide d'entendre l'affaire ou non.
"Ce sont des familles déjà affectées par le changement climatique (...) et qui disent à l'Union européenne, +vous devez faire ce que vous pouvez pour nous protéger parce que sinon nos dommages seront catastrophiques+", a-t-elle ajouté.
Pas une question d'argent
Dans le cadre de l'accord de Paris sur le climat qui vise à limiter le réchauffement à maximum 2°C par rapport à l'ère pré-industrielle, les Etats se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Mais les plans nationaux actuels conduiraient à un monde à +3°C, avec son lot annoncé de sécheresses, ouragans et territoires submergés par les eaux.
Les Européens se sont fixé l'objectif de baisser de 40% leurs émissions d'ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990. Mais cet objectif est "insuffisant pour protéger les droits fondamentaux à la vie, à la santé, au travail et à la propriété", selon les représentants du "People's climate case".
"Je ne cherche pas à être indemnisé mais à alerter les autorités de l'UE", qui ont "une responsabilité de leader au niveau mondial sur ces questions", a expliqué à l'AFP Armando Carvalho, propriétaire forestier dans le centre du Portugal qui a vu tous ses arbres détruits par le feu en 2017.
Ces familles de huit pays demandent à la Cour de justice d'annuler trois directives règlementant notamment les émissions des secteurs industriels et des Etats membres, tout en les maintenant en vigueur jusqu'à leur renforcement.
Parmi les plaignants, une famille des Alpes italiennes qui peine de plus en plus à gagner sa vie en emmenant les touristes grimper sur des cascades glacées, des Allemands d'une île de mer du Nord confrontés à la montée des eaux ou encore une association représentant le peuple autochtone des Samis en Suède qui voient l'impact de la hausse des températures sur leur élevage de rennes.
Mais aussi une famille kényane victime de la désertification dans le nord de son pays, et des Fidjiens subissant des pertes de revenus de la pêche en raison du blanchissement des coraux.
"L'UE partage la responsabilité (du changement climatique) avec d'autres pays dans le monde", a justifié Wendel Trio, directeur du RAC Europe.
Alors que les scientifiques estiment que la température mondiale a déjà augmenté d'un degré, les impacts du dérèglement se font de plus en plus sentir à travers le monde.
Dans ce contexte, des procédures judiciaires contre des entreprises ou des Etats commencent à fleurir en Asie, aux Etats-Unis ou en Europe.
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