Répondant à l'appel du président français, plusieurs groupes ont annoncé mercredi des mesures sociales et éducatives ou des investissements, dont Uber et Deliveroo qui offriront à leurs chauffeurs et coursiers en Europe une protection sociale privée, IBM qui va embaucher 1.400 personnes en France, et Microsoft qui va recruter une centaine d'experts en intelligence artificielle (IA). Facebook va renforcer ses investissements en France consacrés à l'intelligence artificielle.
Facebook AI Research a promis de financer 48 bourses et 8 thèses consacrées à l'IA dans 4 universités françaises, soit le double de celles annoncées en janvier 2018 dans le cadre d'une première enveloppe de 10 millions d'euros. Facebook a également doublé le nombre de serveurs - au nombre de 20 désormais - qui seront offerts à des instituts de recherche français d'ici 2022.
Le chef de l'Etat avait invité pour un déjeuner à huis clos le gratin de la high-tech mondiale: outre Mark Zuckerberg, Satya Nadella (Microsoft), Dara Khosrowshahi (Uber), Ginni Rometty (IBM), Bill McDermott (SAP), Alex Karp (Palantir) ainsi que des patrons français (Free, Orange, Les Echos, RATP, SNCF, Sanofi, BNP Paribas, Thales, OpenClassrooms...) aux côtés du président rwandais Paul Kagame. Il a aussi reçu en tête-à-tête Mark Zuckerberg et les dirigeants d'Uber, Microsoft et IBM.
Au cours du déjeuner, il a félicité les patrons pour leur réussite mais leur a aussi demandé de contribuer aux charges communes et abordé des sujets délicats comme la taxation, la lutte contre les contenus illégaux ou encore la protection des données.
"Je suis favorable à l'innovation et en même temps je suis pour le travail pour le bien commun et pour une régulation dure", en particulier sur le retrait de la propagande jihadiste et le cyber-harcèlement, a expliqué le président de la République lors d'une conférence de presse avec le président rwandais Paul Kagame.
Il s'est dit aussi déterminé à plaider à Bruxelles pour une taxation des géants du net à 3% du chiffre d'affaires. "J'irai au bout de ce combat", a-t-il promis.
"L'absence de règles pour le bien commun n'est pas bonne pour les leaders de la tech, car quand il n'y a plus de règle, c'est le citoyen qui finit par dire que ça ne va plus", a-t-il averti, leur demandant de ne pas être des "passagers clandestins" de la collectivité.
"Momentum"
Ce sommet organisé par l'Elysée a lieu en pleine montée des critiques contre les géants d'internet sur le pillage de données, les fausses nouvelles, les comportements prédateurs ou l'évasion fiscale.
Mark Zuckerberg, déjà interrogé par le Congrès américain, a ainsi dû s'excuser mardi devant le Parlement européen pour le manque de protection des données de ses utilisateurs, après le scandale de la firme britannique Cambridge Analytica.
Favorable aux entrepreneurs, le président français a multiplié les appels aux chefs d'entreprise depuis son élection pour leur demander d'investir en France ou défendre l'environnement. Mardi encore, il les a appelés à embaucher des jeunes de banlieues.
Pour lui, de tels sommets créent des "momentum" qui déclenchent des décisions. "C'est un catalyseur: le président met un poids politique, les sièges aux Etats-Unis valident les annonces. Cela entraîne les autres, les patrons ne veulent pas être moins-disant que leurs voisins", expliquent les conseillers de l'Elysée.
Dans l'après-midi, les dirigeants se sont retrouvés à Matignon pour des ateliers consacrés à l'avenir du travail, la diversité et l'éducation, en présence de plusieurs ministres.
Rendant compte de ces travaux, Dara Khosrowshahi (Uber), Ginni Rometty (IBM), Bill McDermott (SAP), ont lancé des appels à des efforts d'éducation associant le privé et le public, pour éviter que la révolution numérique ne laisse à la traîne une partie de la population.
"Nous devons repenser notre système éducatif, former les formateurs" pour être à la fois "en mesure de profiter" des progrès numériques, mais aussi "d'apprendre à les questionner", a acquiescé Edouard Philippe.
La plupart des invités de l'Elysée se retrouveront jeudi à VivaTech à la Porte de Versailles, un raout international où sont attendus des milliers de start ups et près de 80.000 visiteurs.
Emmanuel Macron y prononcera un discours dans la matinée avant de s'envoler pour Saint-Pétersbourg.
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